Dur à avaler

Chaque année, en France, les asphyxies dues à des fausses routes sont responsables de 2 100 décès chez les personnes de plus de soixante ans, selon l’Institut national de veille sanitaire. 61% de ces accidents surviennent chez des personnes ayant une alimentation mixée ou hachée. Chaque jour, nous déglutissons entre mille cinq cents et deux mille fois, le plus souvent avec de la salive. Yann Tannou, orthophoniste, présente quelques gestes pour limiter les difficultés des personnes ayant des problèmes de déglutition, et rendre ainsi le repas plus agréable. Il faut faire baisser la tête et non pas la lever. La posture adaptée pour manger est une position assise ou semi-assise, tête légèrement fléchie vers l’avant. L’aidant doit se positionner un peu plus bas que la personne, afin que celle-ci incline légèrement la tête vers le bas pour le voir. Les verres à encoche nasale évitent aussi de basculer la tête en arrière. Il s’agit de promouvoir l’autonomie : la mastication et la déglutition sont plus efficaces si le geste pour porter en bouche est autonome. Bien qu’il semble naturel d’aider quelqu’un qui a des difficultés pour manger seul, cette aide ne permet pas à la personne de se préparer à mâcher et à avaler. L’orthophoniste rappelle que la mémoire, l’attention et la cognition sont fortement sollicitées pour manger, mâcher, avaler. Il faut à la fois « réveiller les papilles » et protéger les voies respiratoires : servir les plats et les boissons froids ou chauds, plutôt que tièdes ; servir des boissons pétillantes ou citronnées ; proposer des plats ayant du goût ; favoriser la mastication avec des aliments tendres ; diversifier les textures dans la bouche pour stimuler la proprioception [perception que l’on a de la position de son corps dans l’espace] : éviter les aliments qui s’émiettent ou qui collent, tels que les biscottes et les biscuits secs ; limiter la taille des morceaux à 1.5 cm pour réduire le risque d’asphyxie. Pour l’orthophoniste, les aliments mixés ne permettent pas cette stimulation.

Géroscopie pour les décideurs en gérontologie, janvier 2017.