Unités spécifiques Alzheimer en France : un bouquet d’offre unique au monde

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Date de rédaction :
19 décembre 2015

« Peu de disciplines se sont montrées aussi innovantes ces dernières années que la gériatrie dans le domaine de la prise en charge de la maladie d’Alzheimer », déclare le Pr Yves Rolland, du pôle de gériatrie et de gérontologie au gérontopôle de Toulouse. « Bien que les avancées thérapeutiques médicamenteuses restent attendues, un rapide regard en arrière témoigne du chemin parcouru dans l’amélioration des soins destinés aux patients et de l’aide apportée aux familles et aux équipes soignantes. Si des progrès restent à faire, depuis une dizaine d’années, un large bouquet d’offre (unités Alzheimer, unités d’hébergement renforcé [UHR], pôles d’activités et de soins adaptés [PASA], équipes spécialisées Alzheimer [ESA], dispositifs MAIA [méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie], unités cognitivo-comportementales [UCC]) s’est développé rapidement et avec succès. Ces différents dispositifs suscitent beaucoup d’intérêt à l’étranger où rien de similaire n’existe. Les unités spécifiquement dédiées aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) se sont organisées spontanément et de longue date mais se sont structurées plus récemment pour délivrer en institution des soins appropriés aux résidents présentant des troubles psycho-comportementaux problématiques. Ces troubles surviennent le plus souvent au stade sévère de la maladie, lorsque la dépendance des patients est souvent importante et l’espérance de vie relativement courte. Confrontées à la prise en charge de ces patients, communément jugés comme difficiles, les équipes soignantes ont constamment dû faire preuve d’inventivité pour faire face à des situations complexes et variées. Les propositions à envisager doivent conjuguer le bon soin pour une maladie grave et le maintien d’une qualité de vie dans un lieu d’hébergement. Dès lors, les dimensions sociales, affectives, psychiatriques, somatiques et souvent éthiques du soin se conjuguent dans un quotidien fluctuant et difficilement prévisible. » La Fondation Médéric Alzheimer identifie deux oppositions structurantes : la première se situe entre une approche centrée sur la sécurité et une autre axée sur un accompagnement personnalisé et notamment les activités à visée thérapeutique. L’autre grande opposition concerne la population accueillie : d’une part sont privilégiés des résidents plutôt valides et aptes à participer à des activités « stimulantes », quitte à ne pas rester dans les unités à un stade de dépendance physique et psychique extrême, et de l’autre, des personnes accueillies jusqu’en fin de vie dans des unités où la sécurisation et la médicalisation sont les préoccupations prédominantes. Ces contrastes ramènent à l’opposition entre le modèle social et le modèle médical de prise en charge des personnes atteintes de troubles cognitifs.

Fondation Médéric Alzheimer. Une typologie des unités spécifiques Alzheimer. La Lettre de l’Observatoire des dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer. 2015 : 39. Décembre 2015. www.fondation-mederic-alzheimer.org/Informez-vous/La-Lettre-de-l-Observatoire (texte intégral). www.silvereco.fr, Actualités sociales hebdomadaires, TSA Quotidien, 15 décembre 2015. Hospimedia, 11 décembre 2015.