Médicaments spécifiques : quelle efficacité ?

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Date de rédaction :
21 janvier 2016

La revue médicale Prescrire, indépendante de tout financement de l’industrie pharmaceutique, publie son bilan annuel des « médicaments à écarter », selon elle, c’est-à-dire des médicaments dont la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les situations cliniques pour lesquelles ils sont autorisés en France. » Quatre médicaments indiqués dans la maladie d’Alzheimer sont ainsi décrits : « Les médicaments de la maladie d’Alzheimer disponibles début 2016 ont une efficacité minime et transitoire. Ils sont peu maniables en raison d’effets indésirables disproportionnés et exposent à de nombreuses interactions. Aucun de ces médicaments n’a d’efficacité démontrée pour ralentir l’évolution vers la dépendance et ils exposent à des effets indésirables graves, parfois mortels. Or ils sont utilisés en traitement prolongé et impliqués dans des interactions dangereuses. Mieux vaut se concentrer sur l’aide à l’organisation du quotidien, le maintien d’activité, l’accompagnement et l’aide de l’entourage. Le donépézil, la galantamine, la rivastigmine, des anticholinestérasiques, exposent à : des troubles digestifs dont des vomissements parfois graves ; des troubles neuropsychiques ; des troubles cardiaques, dont des bradycardies, des malaises et des syncopes, et des troubles de la conduction cardiaque. La mémantine, un antagoniste des récepteurs NMDA [récepteurs post-synaptiques du glutamate], expose à des troubles neuropsychiques tels qu’hallucinations, confusions, sensations vertigineuses, céphalées, conduisant parfois à des comportements violents, des convulsions ; des atteintes cutanées graves. Pour Prescrire, « en situation d’impasse thérapeutique dans une maladie grave, il n’est pas justifié d’exposer les patients à des risques graves, quand l’efficacité clinique n’est pas démontrée. Une utilisation de ces médicaments peut être acceptable dans le cadre d’une recherche clinique, à condition d’informer les patients des inconnues sur la balance bénéfices-risques. Dans les autres cas, mieux vaut se concentrer sur des soins utiles pour aider le patient à supporter l’absence d’option capable de changer le pronostic, ou de préserver une qualité de vie acceptable au-delà de l’effet placebo. »

Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2016. Prescrire 2016 ; 36(388) : 144. www.prescrire.org/Fr/2C47D05BE29D906F701ED82ABB6574CD/Download.aspx. 1er février 2016 (texte intégral). www.psychomedia.qc.ca, 3 février 2016.