La recherche sur la flore intestinale va-t-elle changer notre compréhension des maladies neurodégénératives ?

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Date de rédaction :
12 mai 2016

Et si l’origine des maladies neurodégénératives était à chercher à l’extérieur du système nerveux central ? Dans une perspective des systèmes biologiques, le cerveau et la moelle épinière sont étroitement reliés au reste du corps, à travers des connexions efférentes (allant vers le reste du corps) et afférentes (allant vers le système nerveux central). « Le cerveau fait partie du reste du corps, et il faut tenir compte des flux d’information réciproques pour comprendre les maladies neurologiques », expliquent Patrick Freund, de l’hôpital universitaire de Zurich (Suisse) et des experts internationaux des neurosciences. « Nous devrions être ouverts à des théories libres de l’héritage des approches passées, en examinant le problème dans une perspective nouvelle », écrit Philip Scheperjans, neurologue à l’hôpital d’Helsinki (Finlande).  De nouveaux programmes de recherche pluridisciplinaires se mettent en place, notamment pour comprendre le rôle des relations entre le système nerveux intestinal et le cerveau. Des milliards de microbes commensaux (microbiotes) vivent dans notre tube digestif, constituant le microbiome. Chez la souris, la modification de la flore intestinale affecte de façon importante le dépôt de protéine amyloïde dans le cerveau. Cela pourrait expliquer l’effet protecteur de certains régimes alimentaires sur la survenue de la maladie d’Alzheimer. Chez l’homme, la présence de certaines bactéries est associée aux troubles moteurs dans la maladie de Parkinson. Quelles bases biologiques ? L’altération de la composition de la flore intestinale peut modifier la perméabilité de l’intestin : des composés neuro-actifs et des métabolites peuvent alors avoir accès aux zones du système nerveux central régulant la cognition et les réponses émotionnelles, expliquent Shadi Yarandi et ses collègues, des divisions de gastroentérologie, immunologie et psychiatrie de l’Université Johns Hopkins de Baltimore (Etats-Unis). Une dérégulation de la réponse inflammatoire, provoquée par des microbiotes pathogènes, peut activer le système vagal et avoir un impact sur les fonctions neuropsychologiques. Certaines bactéries peuvent produire des peptides ou des acides gras pouvant affecter l’expression des gènes et l’inflammation du système nerveux central. 

www.levif.be, 6 juin 2016. Freund P et al. Embodied neurology: an integrative framework for neurological disorders. Brain 2016; 139(6): 1855–1861. Juin 2016. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4892755/pdf/aww076.pdf(texte intégral). Scheperjans F. Can microbiota research change our understanding of neurodegenerative diseases ? Neurodegen Dis Manage 2016; 6(2):81-85. Avril 2016. www.futuremedicine.com/doi/abs/10.2217/nmt-2015-0012. Scheperjans F et al. Gut microbiota are related to Parkinson’s disease and clinical phenotype. Mov Disord 2015; 30(3): 350-358. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25476529. Yarandi SS et al. Modulatory Effects of Gut Microbiota on the Central Nervous System: How Gut Could Play a Role in Neuropsychiatric Health and Diseases. J Neurogastroenterol Motil 2016; 22(2): 201–212. Avril 2016. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4819858/pdf/jnm-22-201.pdf (texte intégral). Moos W H et al. Microbiota and neurological disorders : a gut feeling. BioResearch Open Access 2016 ; 5(1) : 137-145. 1er mai 2016. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27274912(texte intégral).