Est-il urgent de faire un diagnostic précoce ?
Recherche
Pour le Professeur Francis Eustache, neuropsychologue et directeur de l’unité Neuropsychologie et neuroanatomie fonctionnelle de la mémoire humaine à l’Université de Caen (UMR S1077), « le manque de lien entre la médecine générale et les spécialistes s’explique par un problème de fond alimenté par le fait qu’il n’y a pas de traitements médicaux qui agissent sur le cours de la maladie, le fait que par le passé il y ait eu des controverses passionnelles et exacerbées. Aujourd’hui, on a pris conscience que le développement des traitements qui vont modifier le cours de la maladie va demander du temps. Les médecins ont tendance à peser qu’il est moins urgent de faire un diagnostic précoce. Quel est vraiment son intérêt, sachant qu’on va mettre les familles devant des inquiétudes ? » Pour le neuropsychologue, « Il faut bien distinguer le dépistage inadapté et néfaste et le diagnostic précoce. En effet, on doit un diagnostic de qualité à un patient qui se plaint. Il faut expliquer qu’au début de la maladie, on peut vivre très longtemps avec une vie personnelle et sociale satisfaisante, mais cela demandera des aménagements et une information autour du patient. C’est un défi qu’il nous faut relever. »
Doc’Alzheimer, avril-juin 2016.