Prévention des chutes : le projet Écorce de fer pour les Aborigènes australiens

Prévention

Date de rédaction :
03 mars 2017

Minorité marginalisée (3% de la population), descendants des premiers humains arrivés en Australie voici cinquante mille ans, les Aborigènes n’en sont devenus citoyens à part entière que depuis un référendum en 1967. Ils sont restés génétiquement isolés jusqu’à l’arrivée des colons britanniques à la fin du dix-huitième siècle. Les Aborigènes âgés chutent deux fois plus et présentent trois fois plus de troubles dépressifs que la population générale australienne du même âge. C’est la première cause d’hospitalisation dans cette population. L’équipe de recherche en neurosciences d’Australie (NeuRA) en a fait un projet de recherche intitulé Ecorce de fer (Ironbark Project). Les chercheurs ont organisé dix cercles de parole (yarning circles : des cercles où l’on « file les histoires ») avec des communautés aborigènes dans toute l’Australie, révélant la croyance fréquente que les chutes sont une conséquence attendue du vieillissement. Les chercheurs ont donc développé une approche culturelle de la prévention des chutes, avec un comité de pilotage aborigène. Il s’agit d’une intervention de groupe, basée sur le renforcement musculaire et un exercice physique modéré, sous forme de cours, avec une composante éducative menée dans les cercles où l’on file les histoires. Des séances hebdomadaires d’une heure trente sont organisées. Un facilitateur aborigène, formé à la méthode, guide les participants pendant quarante-cinq minutes, avant une discussion informelle d’une demi-heure sur les chutes et leur prévention, puis des interactions sociales. Les séances se tiennent dans des lieux de proximité « culturellement sûrs » (culturally safe), familiers, dans lesquels se rendent de nombreux Aborigènes. « C’est incroyable ! », déclare un participant. « J’ai retrouvé ma force, j’ai rencontré de nouvelles personnes, je me suis fait de nouveaux amis et je revis. Je ne pouvais pas bouger. J’étais vraiment une vieille personne, et maintenant je me sens jeune de nouveau. Cela me donne une raison d’espérer, et j’ai besoin de faire bouger mes articulations. » Une autre dit : « Vous apprenez beaucoup. Maintenant, vous pouvez sortir en gardant la tête haute, vous vous sentez en confiance et vous n’avez pas l’impression d’être une petite vieille. »