Maladie d’Alzheimer et autisme : existe-t-il des similarités dans la prise en charge ?
Interventions non médicamenteuses
C’est la question posée par Catherine Bergeret-Amselek, membre de la société de psychanalyse freudienne, présidente et coordinatrice scientifique d’un colloque qu’elle prépare avec Sciences et Avenir. « Il s’agit pour nous de faire le pari du sujet, un sujet dont on dit qu’il n’est déjà plus là pour la personne touchée par Alzheimer et qui semble avoir du mal à être complètement là pour les personnes atteintes d’autisme », explique-t-elle. « Si l’on peut dire que le jeune autiste a la vie devant lui pour rétablir un développement psycho-affectif bloqué, le sujet Alzheimer a, lui, une grande partie de sa vie derrière lui et on doit lui permettre de se sentir exister à toutes les étapes du développement de sa maladie. L’un a du mal à se construire, tandis que l’autre se déconstruit. Dans les deux perspectives, ce sont les fondations qui sont mises à nu. C’est ce qui nous identifie en tant qu’être humain qui devient apparent. » « Les intervenants de ce colloque vont tenter de nous décrire les univers singuliers de ces patients qui habitent leur corps autrement. Ils vont nous proposer des pistes concrètes pour établir une relation avec eux. Les deux sont face aux mêmes angoisses violentes de corps dissociés. C’est tout un vécu émotionnel qui est perturbé. Pour eux, aller vite est impossible et c’est l’identité du sujet qui est touchée. » Pour la psychologue, « les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer ou par une forme d’autisme nous font sortir du : “je pense donc je suis” » pour nous emmener vers : “je suis là où je ne pense pas“ ». Ce qui lui semble également très important, « c’est de prendre en compte la souffrance des familles, des parents d’enfants autistes et des aidants familiaux qui accompagnent un proche atteint de la maladie d’Alzheimer. Établir une alliance thérapeutique avec les familles est essentiel. »