Rééducation orthophonique : sans aidant, mission impossible
Interventions non médicamenteuses
« Le presbyacousique va faire répéter, pensant que les mots qu’il n’entend pas et surtout ne comprend pas sont le fait que ces sons ou bruits ont été émis en dessous de son seuil auditif qu’il croit normal et qui lui sert de référence. Il accuse donc l’environnement, les autres, les bruits ambiants de ne pas lui permettre d’entendre et/ou de comprendre », précise Séverine Leusie: « ce sont les sons aigus, véhicules de beaucoup de consonnes, qui disparaissent lors d’une presbyacousie. Lisez donc cette phrase si je vous retire les consonnes : ” _e _ou__on a_u_e _e _oi _an_is _u’i_ __er__e _e _en_ier _ui _è_e au _oi_ e_ _u’i_ _e _ou_ie _e _on _ou_ie _ui _’a __us _e _a_on. » Lorsque les cellules ciliées de l’oreille dédiées à ces sons aigus sont mortes ou à l’agonie, c’est ce que la personne peut entendre même avec des aides auditives. Mais reprenons notre phrase en ajoutant quelques consonnes qui apparaissent timidement si l’on augmente l’intensité des deux aides auditives et que les restes auditifs permettent de percevoir ces bribes de consonnes. Voici maintenant la phrase qu’il fallait lire si vous aviez eu toutes les informations nécessaires : « Le bouffon amuse le roi tandis qu’il cherche le sentier quimène au bois et qu’il se soucie de son soulier qui n’a plus de talon ». Ajoutons le temps perdu pour déchiffrer cette phrase longue sans grande signification et ne faisant appel qu’à l’audition avec un résultat nul ou tout à fait insuffisant. Vous comprendrez aisément pourquoi le sourd abandonne et s’isole. Pour compenser ces pertes, il va falloir remplacer ce qui manque par des sonorités qui restent perceptibles dans le champ auditif restant. Or les capacités auditives restantes sont propres à chacun et il est préférable, compte tenu du travail à faire, de se limiter uniquement aux pertes réelles et non aux pertes supposées. Sans aidant capable de repérer les pertes, de les interpréter avec l’orthophoniste et de les compenser sur les conseils de l’orthophoniste par des mots de substitution encore très audibles dans le champ auditif restant, la reconstruction de l’audition est quasiment mission impossible. Avec ce que nous proposons au GRAPsanté, au lieu de milliers de mots, nous n’aurons que des dizaines de mots à remplacer. C’est le travail de l’aidant qui permettra au presbyacousique de donner aux mots nouveaux le même sens qu’aux mots perdus. L’orthophoniste montrera les techniques de répétitions, imitations, simulations, en reconstruisant des “boucles audio-phonatoires” pour retrouver les automatismes perdus. »