La vie humaine : entre trésor et capital ?, de l’Espace éthique Ile-de-France

Société inclusive

Date de rédaction :
16 juin 2020

Le pôle recherche de l’Espace éthique Ile-de-France a engagé une réflexion de fond sur l’anticipation, explorée sous les angles éthique et épistémologique [étude critique des postulats, conclusions et méthodes d’une science particulière, considérée du point de vue de son évolution, afin d’en déterminer l’origine logique, la valeur et la portée scientifique et philosophique]. La Revue française d’éthique appliquée publie un dossier explorant l’hypothèse suivante : la vie humaine se voit aujourd’hui attribuer une valeur selon deux modalités rivales, tantôt considérée comme un trésor, tantôt comme un capital. La vie est parfois évaluée comme un trésor, un bien dont la valeur serait inestimable, irremplaçable, inaltérable, sacrée, l’amputation d’un trésor signant sa destruction pure et simple. Aussi conviendrait-il selon ce mode d’évaluation de l’existence de garder toutes les vies humaines intactes, inviolées, hors de toute forme de calcul qui en discuterait la valeur a priori. La vie est parfois évaluée comme un capital, un bien fluctuant, contrairement au trésor qui reste sous terre, inaltéré. Le capital est un bien que l’on cherche à accroître. Or, pour accroître ce capital, il faut en amputer une partie pour le faire fructifier (là où le trésor ne peut être amputé ni fructifié). Considérer la vie comme un capital revient donc à affirmer qu’il peut être souhaitable de sacrifier un peu de vie pour en avoir davantage ou encore de sacrifier un peu de certains types de vie pour garantir d’autres types de vie. Autant dire que l’évaluation de la vie comme un capital ouvre aussi bien à une quantification qu’à une qualification des vies humaines selon qu’elles valent ou non « la peine d’être vécues ».

Jolivet A et Weil-Dubuc PL (coord.). La vie humaine, entre trésor et capital. Ethique et santé, 9 février 2018. www.espace-ethique.org/d/2188/2734.