Que faire sans les médicaments ? Aménager l’espace
Société inclusive
Isabelle de Foucauld, de Challenges, s’est intéressée à un EHPAD qui a totalement repensé ses interventions thérapeutiques et adapté l’environnement des résidents. L’espace de vie de la Résidence de Massy-Vilmorin, qui accueille à tour de rôle une quarantaine des 105 résidents de l’établissement doté d’une unité Alzheimer, a été structuré, dès sa conception en 2007, selon les recommandations du programme Eval’zheimer développé par la Fondation Médéric Alzheimer. Cerceaux à la main, Germaine, Yvonne et une dizaine d’autres résidents font leurs exercices sous le regard bienveillant de leurs soignantes, Geneviève et Niouma. La baie vitrée, qui donne sur un charmant jardin où les plants de tomates enserrent des agrès de motricité, inonde la pièce de lumière. Bibliothèques en bois clair, cuisine américaine ouverte sur une longue tablée, canapés moelleux dans le salon… L’endroit est immédiatement accueillant. Le petit bazar du quotidien, à l’instar de ces magazines qui traînent sur les fauteuils, et la présence de Kirikou le lapin ajoutent à cette impression de visiter une maison ordinaire. À quelques détails près. Les étiquettes « couverts », « casseroles » ou « frigo » collées sur les meubles de la cuisine, tout comme les sous-verres jaune vif libellés au nom de chaque résident, rappellent aux visiteurs que dans cette résidence, des personnes âgées luttent pour ne pas oublier leurs souvenirs et les simples gestes du quotidien. « C’est qui Macron ? », « Est-ce que vous pouvez me donner le nom d’un peintre célèbre ? » Après l’effort physique, l’atelier du jour se prolonge par une séance de questions-réponses pour stimuler la mémoire et autres réflexes cognitifs. La Fondation Médéric Alzheimer a investi 7 000 euros pour déployer son projet dans cet EHPAD, principalement dans l’aménagement du pôle d’activités et de soins adaptés (PASA). Mais il a d’abord fallu convaincre le propriétaire des lieux, la caisse de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO, d’héberger l’expérimentation et de participer à son financement. « Ils ont accepté, à condition que le programme fasse l’objet d’une évaluation scientifique. Les résultats, qui ont été publiés régulièrement durant les trois premières années, ont montré une réelle amélioration de la qualité de vie des résidents et une baisse tangible des troubles du comportement », précise le Dr Alain Bérard, directeur adjoint de la Fondation Médéric Alzheimer. Aujourd’hui, une cinquantaine d’établissements en France ont intégré le programme Eval’zheimer.
www.challenges.fr/economie/sans-traitement-comment-s-occuper-des-malades-d-alzheimer_614165, 21 septembre 2018.