Déremboursement des médicaments spécifiques : la portée symbolique (2)
Droit des personnes malades
Pour le généraliste Luc Perino, qui enseigne l’histoire de la médecine, l’épistémologie et les sciences humaines et sociales à la Faculté de médecine de Lyon, la controverse qui agite le milieu médical depuis une dizaine d’années autour du traitement pharmacologique de la maladie d’Alzheimer reflète les évolutions de la recherche biomédicale et du soin : « les maladies dont le diagnostic est exclusivement clinique et dont le traitement est exclusivement non médicamenteux ne semblent plus trouver leur place dans notre paysage médical. L’idée même de ces deux exclusivités est incongrue pour tous les acteurs : patients et leurs proches, médecins, institutions et industriels. » Pour Benoît Durand, directeur délégué de France Alzheimer, la recherche sera une victime collatérale : parce qu’ils sont conditionnés à la prise de médicaments, les essais cliniques seront limités, avec pour résultat, une impossibilité pour une grande majorité de patients d’accéder aux thérapies innovantes. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques se sont déjà désengagés financièrement. En devenant le seul pays européen à ne pas rembourser les médicaments, la France compromet sa compétitivité nationale en matière de recherche, estime France Alzheimer, qui appelle le gouvernement à investir de manière conséquente dans la recherche, dans les structures et dispositifs de prise en soin et dans des dispositifs de répit des aidants, « sur qui repose aujourd’hui le système de prise en soin. » « Une certaine forme de fatalisme commence à investir les rangs, vingt ans après l’espoir créé par ces médicaments actuellement sur la sellette », annonce le journaliste Thibauld Mathieu sur Europe1.
www.lemonde.fr/sciences/article/2018/06/12/le-deremboursement-des-medicaments-contre-alzheimer-un-pas-vers-de-meilleurs-soins_5313583_1650684.html, 12 juin 2018. www.francealzheimer.org/wp-content/uploads/2018/06/Europe-1.pdf, 29 mai 2018.