Déremboursement des médicaments spécifiques : quelles alternatives ?
Droit des personnes malades
Dans un entretien avec les généralistes de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la santé, déclare : « les soins dans le cadre de la maladie d’Alzheimer reposent avant tout sur une prise en charge pluridisciplinaire adaptée, non médicamenteuse. Et nous faisons beaucoup en la matière : pour améliorer la prise en charge des patients, le rôle des médecins généralistes dans le dépistage et l’accompagnement des personnes malades a été récemment renforcé. Ils disposent de plus nombreuses possibilités d’effectuer des consultations longues au domicile des patients, pour faire le point sur la maladie et s’assurer d’une prise en charge de qualité. L’accompagnement des aidants de personnes malades, dont le rôle est essentiel au quotidien, a en outre été renforcé, grâce à une augmentation continue du nombre de plateformes d’accompagnement et de répit qui leur apportent conseils et soutiens. Les équipes spécialisées Alzheimer (ESA), qui permettent une prise en charge des patients à des moments clés de leur maladie, se développent par ailleurs sur l’ensemble du territoire. Et, par ailleurs, la recherche continue pour améliorer la prise en charge des malades et trouver de nouveaux traitements. La France consacre presque 1% du budget total de la recherche publique, soit environ 50M€ par an aux recherches sur les maladies neurodégénératives et la démence. C’est plus que ce que font le Canada, le Japon, le Royaume Uni ou l’Allemagne. »
Pour le Dr Cédric Grouchka, médecin de santé publique, membre du Collège de la Haute Autorité de santé, « il existe des solutions très efficaces, qui ne sont pas des médicaments, pour limiter le handicap et la perte d’autonomie : c’est l’intervention très personnalisée, dans un environnement donné, de plusieurs professions complémentaires, comme les orthophonistes pour maintenir la communication ; les psychomotriciens pour prévenir les troubles du comportement ; les ergothérapeutes pour évaluer l’impact des troubles sur la vie quotidienne et permettre que dans une situation concrète, les personnes puissent continuer à boutonner leur chemise, se laver ; et des masseurs-kinésithérapeutes pour maintenir les fonctions motrices. » En 2010, un groupe expert international publiait une revue systématique de 179 essais contrôlés et randomisés comparant les effets de 26 catégories d’interventions non-médicamenteuses, montrant que leur efficacité était comparable à celle des médicaments pour améliorer la qualité de vie des personnes malades et celle de leurs aidants (Olazarán et al, 2010). Le Pr Saint-Jean déclare au Monde : « on se sent un peu obligés de médicaliser et de faire de la science, sans très bien savoir si cela sert vraiment à quelque chose. Ce que l’on sait, c’est que ces interventions ne sont pas dangereuses, ce qui est quand même déjà quelque chose, et que comme c’est de l’interaction humaine, cela ne peut pas faire de mal. »
http://lesgeneralistes-csmf.fr/2018/06/04/agnes-buzyn-pourquoi-je-derembourse-les-medicaments-anti-alzheimer/, 6 juin 2018.
www.lemonde.fr/sante/video/2018/06/04/alzheimer-pourquoi-prescrit-on-des-medicaments-inefficaces_5309144_1651302.html, 4 juin 2018. Olazarán J et al. Nonpharmacological therapies in Alzheimer’s disease: a systematic review of efficacy. Dement Geriatr Cogn Disord 2010; 30(2): 161-178. Septembre 2010. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20838046 (texte intégral).