Déremboursement des médicaments spécifiques : ceux qui sont contre (2)

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
25 juin 2020

Le Dr Vernaudon, gériatre, craint une défiance des familles quant à l’intérêt de faire un diagnostic de maladie d’Alzheimer ou apparentée : dans un pays dont l’imaginaire est encore colonisé par une vision pasteurienne de la médecine (un symptôme – une maladie – un traitement), inadaptée face à l’épidémie des maladies chroniques, l’absence annoncée, avant toute démarche diagnostique, de traitement médicamenteux risque d’entraîner une chute des consultations mémoire. Tous les enjeux bénéfiques du diagnostic seront possiblement occultés par ce sentiment d’inutilité de se lancer dans un diagnostic : à quoi bon savoir s’il n’y a pas de médicament ? Le Pr Marie Sarazin, chef du service de neurologie de la mémoire et du langage au centre hospitalier Sainte-Anne de Paris, craint les arrêts de traitement qui pourraient entraîner selon elle une aggravation de la maladie : « nous l’observons chez nos malades hospitalisés ou en institution. Du coup, ils sont mis sous neuroleptiques et cela se révèle encore pire. On nous enlève donc le seul médicament que l’on avait. C’est dramatique. On est en train de lâcher les malades. » Le rapport remis le 11 avril 2017 par le Pr Clanet, professeur de neurologie au CHU de Toulouse et président du comité de suivi du Plan maladies neurodégénératives 2014-2019, qui ne plaidait pas pour la fin de la prise en charge de ces molécules par l’assurance-maladie, alertait en ce sens : « le déremboursement de ces médicaments sera probablement à l’origine d’une perte de chance pour certains patients, en particulier ceux qui sont atteints d’une démence à corps de Lewy avec troubles comportementaux. » Ces craintes concernant les conséquences d’un arrêt de traitement sont-elles justifiées ? Une étude américaine (Howard et al, 2012), portant sur 295 personnes au stade modéré à sévère de la maladie d’Alzheimer, montre que l’arrêt du donépezil est associé à une réduction significative de 1.9/30 du score cognitif MMSE (mini-mental state examination) à 1 an.

https://blogs.mediapart.fr/julien-vernaudon/blog/020618/le-deremboursement-des-medicaments-anti-alzheimer-un-leurre, 2 juin 2018. www.snjmg.org/blog, 1er juin 2018. www.geroscopie.fr/print.asp?679C4F883D6EAB6C, 20 avril 2017.

www.sciencesetavenir.fr/sante/le-professeur-marie-sarazin-reagit-au-derembrousement-des-medicaments-contre-alzheimer_124609#xtor=CS2-37-[Alzheimer%20%3A%20%22On%20est%20en%20train%20de%20l%C3%A2cher%20les%20malades%22%C2%A0%C2%A0], 1er juin 2018. Howard R et al. Donepezil and Memantine for Moderate-to-Severe Alzheimer’s Disease. N Engl J Med 2012 ; 366(10) : 893-903. www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMoa1106668 (texte intégral).