Nouveaux objets, grand âge, résistance
Innovation
Lorsque le vieillissement progresse, la vie quotidienne peut se remplir rapidement de nouveaux objets, souvent à usage médical : tensiomètres, médicaments, prothèses auditives, dentiers, aides techniques à la marche. Ces objets matériels sont destinés à surveiller, compenser ou remplacer des parties du corps vieillissant et ses capacités modifiées, écrit Åsa Alftberg, du département de travail social de l’Université de Malmö (Suède), qui examine la culture matérielle du vieillissement à partir d’entretiens approfondis auprès de neuf personnes âgées. Cette matérialité est imprégnée de normes et d’idées culturelles affectant l’identité et la capacité d’agir. Ces objets inscrivent la personne dans une identité de « vieux. » Un espace de résistance se crée pour ne pas les utiliser. Accepter et utiliser ces objets demande de redéfinir l’image de soi et son identité, un processus qui peut être plus ou moins difficile. Comment intégrer un nouvel objet dans les routines quotidiennes ? Comment le réorienter pour l’adapter ? Un objet peut permettre une ouverture au monde, tout autant qu’il peut être un obstacle à connotation répressive. Des personnes qui n’utilisent pas un objet de la manière prescrite risquent une sanction morale et sociale si elles semblent ne pas exercer, aux yeux des autres, la responsabilité que l’on attend d’elles.
Alftberg A. New Objects, Old Age: The Material Culture of Growing Old. Ethnologia Fennica 2018; 44: 23-34. 23 janvier 2018. https://journal.fi/ethnolfenn/article/view/59701/30671 (texte intégral).