Une stratégie efficace : modifier le style de vie des personnes à risque de démence
Recherche
Prévention
Les études d’observation ont identifié plusieurs facteurs de risque de survenue d’un handicap cognitif, notamment l’hypertension, les dyslipidémies et l’obésité au milieu de la vie, le diabète, la consommation de tabac, l’inactivité physique et le faible niveau d’éducation. Ces facteurs sont modifiables par un changement de style de vie. Des essais contrôlés et randomisés sont nécessaires pour savoir si des interventions visant à réduire ces facteurs peuvent réduire le risque de déclin cognitif et de démence, chez les personnes âgées, mais la conception de ces essais est difficile au plan de la méthode. A ce jour, la plupart des interventions préventives ont été testées sur de petits groupes, se sont intéressée à un facteur du style de vie et ont donné des résultats négatifs ou au mieux modestes. Compte tenu de l’étiologie multifactorielle de la démence et de la forme tardive de la maladie d’Alzheimer, des interventions multidomaines ciblant plusieurs facteurs de risque (ou leurs mécanismes) simultanément peuvent être nécessaires pour le meilleur effet préventif. Trois grands essais d’intervention multidomaines ont été récemment conduits (FINGER, MAPT et PreDIVA), rappellent Miia Kivipelto, de l’unité de promotion de la santé à l’Institut national de la santé et de la protection sociale de Finlande et ses collègues du département de neurobiologie, sciences du soin et société de l’Institut Karolinska de Stockholm (Suède). L’essai finnois FINGER, mené auprès de 1 260 personnes âgées de 60 à 77 ans, a montré qu’une intervention multidomaines modifiant le style de vie peut améliorer ou préserver la cognition à 2 ans chez des personnes à risque élevé de démence. Les deux autres essais, MAPT en France et PreDIVA aux Pays-Bas, qui ont été menés dans une population non sélectionnée à l’inclusion pour le risque de troubles cognitifs, ne montrent aucune différence significative entre le groupe d’intervention et le groupe témoin sur le critère primaire d’incidence de la maladie d’Alzheimer. Mais des analyses secondaires sur les participants à risque de démence montrent un effet bénéfique de l’intervention multidomaines. Un réseau mondial s’est monté sur le modèle de l’étude FINGER pour harmoniser les études de prévention de la démence, générer des preuves scientifiques de haute qualité et promouvoir la diffusion de ses résultats auprès des pouvoirs publics dans le monde entier.
Kivipelto M et al. Lifestyle interventions to prevent cognitive impairment, dementia and Alzheimer disease. Nat Rev Neurol, 5 octobre 2018.