Toilette du matin : les effets apaisants d’une intervention musicale standardisée

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Approches psychosociales

Date de rédaction :
01 octobre 2020

La musicothérapie et les interventions musicales peuvent modifier l’évolution de la douleur en s’appuyant sur des effets sensoriels, cognitifs, affectifs, comportementaux et sociaux. Une technique de musicothérapie réceptive a été standardisée au CHRU de Montpellier : la séquence en « U ». Se basant sur les principes de l’hypno-analgésie, la séquence musicale, ajustable de vingt à soixante minutes, est décomposée en plusieurs phases qui amènent progressivement le patient à la détente. L’objectif est de modifier l’état de conscience par des suggestions positives. Les suggestions verbales sont ici remplacées par une induction musicale, modèle archaïque du langage. Cette induction musicale personnalisée en fonction de la préférence émotionnelle et affective du patient, va progressivement amener le patient à un état hypnotique et de relaxation par les variations des composantes musicales comme le rythme, les fréquences, la formation orchestrale et le volume. La phase de conscience est associée à un rythme stimulant, avec un petit orchestre (début : tempo de 80 à 95 pulsations par minute, 10-20 instruments) ; la phase de relaxation est associée à un rythme lent et peu d’instruments (au plus lent : tempo de 30 à 40 pulsations par minute ; 1-3 instruments) ; la phase d’éveil est associée à un rythme modéré (tempo de 60 à 80 pulsations par minute ; 8-10 instruments). Une application numérique intitulée Music Care© a été réalisée en collaboration avec le CMRR de Montpellier.  Cette application innovante, labellisée « application de santé », prend en compte les recommandations de la littérature scientifique afin de standardiser la méthode et de la rendre reproductible. Music Care© a été élue meilleure application numérique dans la prise en charge de la douleur par la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) en 2015. Auguste Loko et ses collègues, de l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6-Living Lab Pratiques de soin dans le grand âge à l’hôpital Charles-Foix d’Ivry-sur-Seine), ont utilisé cette méthode dans le cadre de la toilette du matin auprès de 21 résidents de l’EHPAD Les Jardins d’Alésia (groupe Korian), atteints de la maladie d’Alzheimer au stade léger à modéré. Cette étude pilote montre qu’une musique personnalisée, adaptée au goût de la personne, réduit le refus de soins de 5/10 à 0/10, la douleur de 7/10 à 1/10, l’agressivité de 5/10 à 2/10 (échelles verbales), et la durée des soins de 18 minutes à 12 minutes en moyenne par résident. Cette étude doit être reproduite sur un échantillon plus important, dans plusieurs centres, pour pouvoir confirmer ces premiers résultats.

Loko A et al. Effects of standardized musical intervention on refusal of care and aggression during toileting in people with institutionalized neurocognitive disorders. Ann Phys Rehab Med, 24 septembre 2018. www.em-consulte.com/article/1249298.