Intervention centrée sur la personne : quel effet sur l’agitation, et à quel coût ? (1)

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Date de rédaction :
26 mai 2020

L’agitation des personnes atteintes de démence est un symptôme courant, stressant et difficile à gérer, qui a un impact important sur la qualité de vie des personnes malades, rappelle le Pr Clive Ballard, du King’s College de Londres. Il y a un besoin urgent d’interventions psychosociales fondées sur des preuves scientifiques, avec un bon rapport coût-efficacité, pour réduire cette agitation, particulièrement en l’absence de médicaments sûrs et efficaces. Pendant 9 mois, il a coordonné une étude contrôlée et randomisée, en double aveugle, auprès de 847 personnes atteintes de démence, vivant dans 69 maisons de retraite, pour évaluer l’effet d’un programme associant formation des personnels, interactions sociales et recommandations de prescription d’antipsychotiques, sur la qualité de vie et les symptômes comportementaux des résidents (WHELD – Well-Being and Health for People With Dementia ; Bien-être et santé pour les personnes atteintes de démence ; Ballard C et al, 2016). C’est la plus grande étude de ce type d’intervention à ce jour. Les maisons de retraite éligibles doivent avoir au moins 60% de résidents atteints de démence (score Clinical Dementia Rating au moins égal à 1) et avoir passé avec succès l’audit de qualité des soins. La mise en œuvre de l’intervention est assurée dans chaque établissement par un membre du personnel spécialement formé en tant que « champion de la démence ». L’intervention est réalisée en 2 phases : 1/ une phase d’orientation de 2 journées ou 4 demi-journées sur 1 mois, dans chaque maison de retraite (1 thérapeute-formateur pour 9 maisons de retraite), pendant laquelle le formateur présente le projet, rencontre les champions nommés par les établissements, écoute les espoirs et les inquiétudes des professionnels, visite les lieux et planifie les interventions ; 2/ une phase d’intervention de 8 mois. Pendant les mois 2 à 5, les champions participants sont formés à l’extérieur de leur établissement, 1 jour par mois pendant 4 mois. Ils apprennent notamment les bases des soins centrés sur la personne, la façon de communiquer cette approche à leurs collègues, l’élaboration de plans de soins basés sur les capacités restantes de la personne, d’activités porteuses de sens avec l’objectif de consacrer 60 minutes par personne et par semaine. Ils se familiarisent avec les recommandations de prescription d’antipsychotiques et au travail en collaboration avec les médecins généralistes de proximité. Ils apprennent à se servir d’un modèle de recueil des besoins des personnes ayant un comportement difficile, et à intégrer les actions adaptées dans le plan de soins. Pendant les mois 6 à 9, les champions vont donner des conseils de mise en œuvre du programme dans les maisons de retraite participantes (8 h par mois dans chaque établissement). Parallèlement, pendant les mois 2 à 9, les champions vont former leurs collègues sur chaque site.

Ballard C et al. Impact of person-centred care training and person-centred activities on quality of life, agitation, and antipsychotic use in people with dementia living in nursing homes: A cluster-randomised controlled trial. PLoS Med 2018; 15(2): e1002500. 6 février 2018.http://journals.plos.org/plosmedicine/article/file?id=10.1371/journal.pmed.1002500&type=printable (texte intégral). Ballard C et al. Impact of antipsychotic review and nonpharmacological intervention on antipsychotic use, neuropsychiatric symptoms, and mortality in people with dementia living in nursing homes: a factorial cluster-randomized controlled trial by the Well-Being and Health for People With Dementia (WHELD) program. Am J Psychiatry 2016; 173(3): 252–262. https://doi.org/10.1176/appi.ajp.2015.15010130.