Nettoyer son cerveau à l’alcool : la dose fait le poison
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Plusieurs études montrent qu’une faible consommation d’alcool réduit le risque de démence, en réduisant notamment le risque cardiovasculaire et en augmentant le débit sanguin dans le cerveau. En revanche, l’alcoolisme chronique a des effets délétères connus : incapacité cognitive, déséquilibre de neurotransmetteurs et atrophie cérébrale. La perte de volume de matière grise et de substance blanche du cerveau peut atteindre 10% chez les gros buveurs. Cette atrophie n’est que partiellement réversible en cas de sevrage. La perte de volume cérébral est compensée par du liquide céphalo-rachidien. Ce liquide biologique, qui baigne le cerveau et la moelle épinière, évacue hors du cerveau les déchets et métabolites toxiques, dont le peptide bêta-amyloïde et la protéine tau. Aux Etats-Unis, l’équipe de Maiken Nedergaard, du centre de neuromédecine translationnelle de l’Université de Rochester (New York), a décrit en 2012 le système de tunnels périvasculaires, formé par les cellules astrogliales, qui élimine de façon efficace les protéines solubles et les métabolites hors du système nerveux central pour les introduire dans la circulation sanguine générale. Ce système d’auto-nettoyage rapide du cerveau, qui fonctionne pendant le sommeil, a été nommé système glymphatique [système lymphatique s’appuyant sur les cellules gliales]. La même équipe a étudié, chez la souris, l’effet de l’alcool à différentes doses sur ce système. La consommation chronique d’alcool est associée à une forte inflammation, notamment des astrocytes, cellules régulatrices du système glymphatique. Chez les souris consommant de l’alcool en quantité modérée (équivalente à 2.5 verres de vin par jour chez l’homme), l’inflammation des astrocytes est réduite et le système glymphatique plus efficace pour éliminer les déchets. Quant aux capacités cognitives et motrices des souris ayant consommé peu d’alcool, elles étaient identiques à celles sobres. « Trinquez modérément pour libérer vos toxines ! », recommande l’Agence Science-Presse, le blog tenu par les étudiants en journalisme scientifique de l’Université Laval (Québec).
www.sciencepresse.qc.ca/blogue/labo-journalisme-scientifique/2018/02/22/nettoyer-cerveau-alcool, 22 février 2018. Lundgaard I et al. Beneficial effects of low alcohol exposure, but adverse effects of high alcohol intake on glymphatic function. Sci Rep, 2 février 2018. www.nature.com/articles/s41598-018-20424-y.pdf (texte intégral). https://leblob.fr/archives/un-systeme-de-tout-legout-integre-au-cerveau, 22 août 2012.