Buvons, buvons (mais modérément)

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Date de rédaction :
21 août 2020

Une nouvelle étude coordonnée par Archana Singh-Manoux, du centre de recherche en épidémiologie et santé des populations de l’Université Paris-Saclay, portant sur 9087 participants de la cohorte britannique Whitehall II, suivis depuis 1985, montrent que la consommation excessive d’alcool à long terme (plus de 14 verres par semaine) est associée à une augmentation du risque de démence. Boire 7 verres de plus par semaine est associé à une augmentation de 17% du risque de démence. Les résultats suggèrent également un sur-risque de démence parmi les abstinents au milieu de la vie (+47%), même si les mécanismes sous-jacents dans chacun des deux groupes sont vraisemblablement différents. Alors que chez les gros consommateurs, les cas d’hospitalisation pour maladie chronique liée à l’alcool ont été associés à un risque de démence 4 fois plus élevé, chez les abstinents, ce risque n’est qu’1.5 fois plus grand et s’explique en partie par un risque plus important de maladies cardio-métaboliques, explique l’INSERM. Pour Séverine Sabia, chercheuse à l’Inserm et premier auteur de ces travaux, « ces résultats renforcent les données selon lesquelles une consommation excessive d’alcool est un facteur de risque de démence, et incitent à préconiser des seuils plus bas de consommation pour favoriser un meilleur vieillissement cognitif. En aucun cas, les résultats observés chez les abstinents ne doivent encourager les personnes ne buvant pas à commencer à boire de l’alcool car, comme le rapporte Santé publique France, la consommation d’alcool est responsable en France de 49 000 décès annuels par cancer, cirrhose, psychose et dépendance alcoolique ». En France, les recommandations de santé publique en termes de « risque acceptable » sont de 10 verres par semaine et pas plus de deux verres par jour [un verre en France correspond à 10 g d’alcool, soit 100 g par semaine. Ces recommandations sont désormais valables indifféremment pour les hommes et les femmes]. Enfin, cette étude étant une étude d’observation, il n’est pas possible de tirer des conclusions définitives sur une relation de cause à effet entre la consommation d’alcool et le risque de démence.

https://presse.inserm.fr/consommation-dalcool-et-risque-de-demence/32123/, 2 août 2018. Sabia S et al. Alcohol consumption and risk of dementia: 23 year follow-up of Whitehall II cohort study. BMJ 2018; 362: k2927. 25 juin 2018. www.bmj.com/content/bmj/362/bmj.k2927.full.pdf (texte intégral).