Plaintes cognitives subjectives
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Alors que les médecins généralistes sont confrontés aux plaintes cognitives des patients, il existe peu de données internationales ou françaises sur les modalités de leur repérage et de leur évaluation en soins primaires, rappellent Hélène Lesage et Laurent Letrillart, du Collège universitaire de médecine générale à l’Université Claude-Bernard Lyon 1, et Pierre Krolak-Salmon, responsable du Centre mémoire de ressources et de recherche de Lyon. Les chercheurs ont mené une étude transversale de 3 mois auprès de 388 médecins généralistes maîtres de stage universitaires, qui ont répondu à un questionnaire en ligne concernant le dernier patient ayant consulté pour une plainte cognitive. 77 patients ont été inclus. La plainte cognitive principale la plus fréquente était une perturbation de la mémoire ou de l’apprentissage (57%), le plus souvent spontanée (83%) et formulée par l’accompagnant (52%). Une évaluation cognitive était réalisée chez 71% des patients, comportant le plus souvent (65%) le test MMSE (mini-mental state examination). L’évaluation fonctionnelle était réalisée chez 52% des patients, basée le plus souvent sur l’interrogatoire. Un bilan biologique et une imagerie cérébrale étaient réalisés respectivement chez 57% et 52% des patients. Les évaluations étaient fréquemment programmées dans le cadre d’une consultation dédiée (78%). Un suivi par le médecin généraliste était proposé à 40% des patients et un avis spécialisé était demandé pour 60% des patients. Contrairement à l’évaluation cognitive, l’évaluation fonctionnelle des plaintes cognitives apparait inconstante dans la pratique des médecins généralistes, soulignent les auteurs.
En Allemagne, Tobias Luck et ses collègues, de l’Institut de médecine sociale, santé au travail et santé publique à l’Université de Leipzig, dans une étude portant sur 8 834 personnes de 40 à 79 ans (LIFE-Adult Study), observent un taux de prévalence de 53% des plaintes cognitives subjectives ; 23% des participants s’inquiètent légèrement et 3% sont très inquiets. 18% des participants déclarent qu’ils ont voulu consulter un médecin pour parler de leurs troubles de la mémoire.
Lesage H et al. Repérage et évaluation des troubles cognitifs en médecine générale : une étude transversale. Rev Gériatr 2018 ; 43(5) : 261-267. www.revuedegeriatrie.fr. Luck T et al. Memory-related subjective cognitive symptoms in the adult population: prevalence and associated factors – results of the LIFE-Adult-Study. BMC Psychology 2018 ; 6:23. 21 mai 2018. https://bmcpsychology.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40359-018-0236-1 (texte intégral).