D’une pierre, deux coups : la santé du cerveau passe par celle des artères

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Date de rédaction :
26 août 2020

Un accident vasculaire cérébral (AVC) se produit lorsqu’une artère du cerveau se bouche, entraînant une destruction souvent irréversible de la zone en aval. Il arrive aussi qu’un vaisseau se rompe et provoque une hémorragie cérébrale. Dans tous les cas, la répétition d’AVC semble favoriser le déclin cognitif. Le mécanisme, encore mal compris, aurait trait à la multiplication de mini-AVC silencieux ou résolutifs en moins de 24h (accidents ischémiques transitoires) plutôt qu’à la survenue d’un seul AVC symptomatique, rappelle Yvan Pandelé, de Pourquoidocteur. Dans une méta-analyse de 36 études, portant sur 1.9 million de participants, Elzbieta Kuzma et ses collègues, de l’Université médicale d’Exeter (Royaume-Uni), confirment que la survenue d’un ou plusieurs AVC augmente significativement le risque de développer une démence, qu’il s’agisse de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme (vasculaire, démence associée à la maladie de Parkinson…). Le risque de démence est multiplié par 2 au premier AVC. Cela signifie que la prévention des risques vasculaires (pratiquer un exercice physique, avoir une alimentation saine, ne pas fumer, traiter une hypertension artérielle…) peut aussi bénéficier à la santé cognitive. « On pense qu’environ un tiers des cas de démences sont potentiellement évitables, mais cette estimation ne prend pas en compte les AVC ; nos résultats indiquent que ce chiffre pourrait être encore plus élevé », explique le Pr David Llewellyn, coordonnateur de l’étude. Une étude pilote canadienne vient à l’appui de ce constat. Depuis les années 2000, la province de l’Ontario a mis en place une politique volontariste de prévention des AVC, à hauteur de 30 millions d’euros par an. Le programme comprend notamment des campagnes d’information à destination du grand public, des outils en libre accès pour suivre son poids, sa tension artérielle, son activité physique et des cliniques spécialisées dans la prévention de la récidive. Ce dispositif a permis de réduire le nombre de nouveaux cas d’AVC de 32 % en 12 ans. Mais il fait d’une pierre deux coups : en parallèle, les nouveaux cas de démence ont diminué de 7 %. 90 % des AVC peuvent être prévenus, rappelle le Pr Vladimir Hachinsky, du département de neurologie de l’université Western Ontario.

www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/26721-Faire-AVC-double-risque-demence-annees-suivent, 3 septembre 2018. Kuzma E et al. Stroke and dementia risk: A systematic review and meta-analysis. Alz Demen, 31 août 2018. www.alzheimersanddementia.com/article/S1552-5260(18)33250-3/pdf (texte intégral). Hachinski V. Stoop to conquer: preventing stroke and dementia together. Lancet 2018; 389(10078): 1518. 15 avril 2017. www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(17)30954-6/fulltext (texte intégral).