Effet des lésions neurodégénératives sur le mécanisme de résonance motrice à l’observation d’action, d’Elisabetta Farina
Société inclusive
Dans une thèse de doctorat en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté (École doctorale Environnements, santé), sous la direction de Thierry Pozzo, du laboratoire Cognition, action et plasticité sensorimotrice (UFR 1093), Elisabetta Farina s’est intéressée au mécanisme de « résonance motrice à l’observation d’action », c’est-à-dire la capacité à reproduire un geste fait par une autre personne. Dans une étude portant sur 48 personnes, elle montre que cette capacité est préservée chez les personnes au stade du déficit cognitif léger. Elisabetta Farina propose aussi une vaste recherche bibliographique sur les modèles conceptuels existants. Dans le modèle cognitiviste, dominant depuis les années 1950, le cerveau est considéré comme une unité centrale. Les systèmes périphériques d’entrée et de sortie des informations sont peu importants pour en décrire le fonctionnement. Mais ce schéma perception-cognition-action, qui suppose un flux séquentiel de traitement de l’information, est inopérant pour expliquer les effets comportementaux des troubles neurodégénératifs et le rôle de l’environnement. Depuis une trentaine d’années, en opposition à la conception cognitiviste, un courant de réflexion s’est développé pour mieux tenir compte de ces dimensions (Dutriaux et Gyselinck, 2016). Cette théorie dite de la « cognition incarnée » considère que l’esprit doit être compris dans le contexte de son corps (le contexte sensorimoteur), et de l’interaction de ce dernier avec l’environnement physique ou social. La perception ne fait pas que représenter passivement les informations de notre environnement, mais elle permet de guider l’action. L’environnement et les actions d’autrui sont évalués et structurés en fonction de nos possibilités d’action : ce que nous sommes capables de faire dans une situation donnée. La découverte des neurones miroirs, dans les années 1990, a donné un fondement biologique à cette théorie : ces neurones, en s’activant lorsqu’on réalise une action et quand on observe quelqu’un la réaliser, permettent l’apprentissage par imitation. Dans ce modèle, les connaissances sur les actions et les perceptions permettent non seulement d’intégrer la perception dans la planification et l’exécution mais aussi de soutenir un large éventail de fonctions cognitives : éprouver de l’empathie en s’identifiant à l’autre, apprendre le langage, ou encore apprendre des gestes en regardant faire l’autre. Farina
E et al. Effet des lésions neurodégénératives sur le mécanisme de résonance motrice à l’observation d’action. Thèse de doctorat en STAPS. Université de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon. Soutenue le 23 octobre 2018. (Pozzo T, dir). www.theses.fr/2018UBFCK045. Dutriaux L et Gyselinck V. Cognition incarnée : un point de vue sur les représentations spatiales. Année Psychol 2016 ; 3 (116) : 419-465. www.cairn.info/revue-l-annee-psychologique1-2016-3-page-419.htm.