Stigmatisation et sentiment d’injustice
Société inclusive
« L’injustice épistémique » représente la maltraitance qui exclut une personne de sa capacité à construire de la connaissance, explique Jessica Young, du Collège infirmier de l’Université Flinders d’Adélaïde (Australie). La stigmatisation des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée naît des stéréotypes (des croyances négatives généralisées par rapport à ce groupe de personnes), des préjugés (l’alignement ou l’accord avec les stéréotypes, et les réactions émotionnelles associées) et la discrimination (la réponse comportementale aux préjugés). L’injustice épistémique ajoute à ces trois éléments de la stigmatisation le faible pouvoir social dénié aux personnes atteintes de troubles cognitifs. Ce pouvoir social est lié à la faible crédibilité accordée par la société à la personne malade. Pour Jessica Young, les stéréotypes sont perpétués par le langage et le modèle médical, et influencés par la culture. La discrimination conduit la personne malade à ne pas témoigner de son état, en internalisant les stéréotypes. Elle s’enferme ainsi dans le raisonnement suivant : « J’ai la maladie d’Alzheimer. Les personnes malades ne sont pas crédibles lorsqu’elles veulent exprimer leur propre expérience » (stéréotype) ; « les autres vont penser que je ne suis pas crédible si j’essaie de le faire » (prédiction d’un préjugé) ; « les autres penseront que je ne sais pas de quoi je parle, ne le croiront pas et/ou agiront à partir de ce que je dirai, donc je ne dirai rien » (discrimination).
Young JA et al. Expanding current understandings of epistemic injustice and dementia: Learning from stigma theory. J Aging Stud 2019; 48: 76-84. 19 janvier 2019. www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0890406518303736 (texte intégral).