L’animation pour les personnes atteintes de troubles cognitifs

Société inclusive

Date de rédaction :
13 mai 2020

Pour Pierre Gouabault, directeur de trois établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes dans le Loir-et-Cher, où 70 % des résidents ont des troubles cognitifs, la question de l’animation est fondamentale. « Nous sommes partis du principe qu’on est citoyen jusqu’au bout de sa vie et qu’on peut avoir des interactions sociales adaptées à ses capacités. La maison de retraite et ses résidents font partie de la cité. Le rôle des animatrices consiste donc non seulement à proposer des animations spécifiques aux besoins d’un accompagnement mais aussi à faciliter ces liens avec la cité. Nous réalisons ainsi un travail de fourmi auprès des collectivités locales, des élus, des associations, des écoles comme des écoles de musique, pour aller le plus loin possible dans la co-construction de projets », en utilisant la méthode du « design social ». La maison de retraite La Bonne Eure, dite aussi Maison du bien vieillir, souhaite rendre la démarche de bénévolat gratifiante. Trois cents bénévoles des clubs sportifs ont aidé à déménager la maison de retraite. « Participer à une œuvre positive, de solidarité, mobilise les habitants. On n’est plus dans la perte. La maison de retraite n’est plus le lieu de relégation, mais celui du rassemblement. Pour les remercier, nous organisons des temps conviviaux. Cela crée un sentiment d’appartenance très fort pour les résidents. » Le rôle des animatrices est différent : elles facilitent la rencontre entre les citoyens du territoire et les résidents. Il s’agit de déplacer le curseur pour que le résident ne soit plus regardé comme un une personne en perte d’autonomie, mais comme une ressource de vie sociale, explique le directeur. « Cela passe par des choses très simples : conventionner nos locaux avec les associations du territoire pour qu’elles y tiennent leurs assemblées générales, prêter la machine à café ou un véhicule de l’EHPAD… L’enjeu est de créer un réflexe de sollicitation et d’installer la personne âgée, en perte d’autonomie ou atteinte de la maladie d’Alzheimer, comme un acteur légitime et entier de la vie de la cité. Pour favoriser cette intégration, la Maison du bien vieillir va lancer des actions de formation, pour former le voisinage aux premiers signes de troubles cognitifs. L’unité Alzheimer de l’établissement réfléchit à la question de la liberté d’aller et venir. Pour une personne égarée, le territoire devient une ressource.

Géroscopie pour les décideurs en gérontologie, novembre 2018.