Belgique : le débat sur la suppression du remboursement des médicaments Alzheimer
Droit des personnes malades
Selon la Mutualité chrétienne belge, près d’une personne sur cinq atteintes de troubles neurocognitifs s’est vue prescrire, en 2018, des médicaments de la maladie d’Alzheimer « alors que leur utilité n’est pas démontrée et que leurs effets indésirables sont conséquents. » Elle estime que près de 5 millions d’euros consacrés par l’assurance maladie obligatoire pour le remboursement de ces médicaments pourraient être mieux utilisés dans l’accompagnement des personnes malades. La Mutualité chrétienne s’appuie sur les conclusions du Centre belge d’information pharmacothérapeutique (CBIP) : « la place de ces médicaments dans la maladie d’Alzheimer est limitée : il n’y a pas d’arguments en faveur d’un effet neuroprotecteur ou préventif sur le développement de la maladie d’Alzheimer. Rien ne permet de montrer qu’ils améliorent la qualité de vie des patients ni qu’ils retardent le placement dans une institution spécialisée. » La présidente de la Ligue Alzheimer, Sabine Henry s’inquiète de cette prise de position de la Mutualité Chrétienne. Pour elle, « ce n’est pas le message à faire passer ». Elle explique que les médicaments seraient efficaces pour un certain nombre de patients. Un tiers des patients connaîtrait une atténuation des symptômes. Un autre tiers verrait même une amélioration à court terme. Selon Sabine Henry, le traitement serait d’autant plus intéressant qu’il serait pris au début de l’installation de la maladie. Elle plaide donc, en plus de la poursuite du remboursement, pour un meilleur diagnostic de la maladie (plus précoce). « La recherche d’un diagnostic le plus tôt possible est nécessaire. Si les patients ou futurs patients inquiets entendent que, de toute façon, les médicaments ne sont pas efficaces, nous craignons que ces personnes, même au stade débutant de la maladie, ne viendront plus consulter le médecin. Pour nous, c’est une vraie catastrophe », explique Sabine Henry. Elle demande « que l’on ne cherche pas à faire des économies sur le dos de personnes qui pourraient bénéficier de traitement en début de maladie et qui, faute d’argent, ne le pourraient plus. » « Mieux cibler les patients Alzheimer chez qui on débute et maintient le traitement est sans doute nécessaire. Mais supprimer le remboursement des médicaments actuels, c’est aller trop loin », réagit Catherine Fonck, députée du Centre démocrate humaniste. « Un certain nombre de patients voient l’évolution de leur maladie ralentir sous traitement », justifie-t-elle.
www.rtbf.be/info/societe/detail_faut-il-moins-rembourser-les-medicaments-anti-alzheimer-oui-selon-la-mutualite-chretienne?id=10341138, 14 octobre 2019.