La fragilité physique modifie l’expression de la maladie d’Alzheimer

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Date de rédaction :
05 août 2020

Certaines personnes chez qui ont été découverts à l’autopsie cérébrale d’importants dépôts de protéines amyloïdes et de neurofibrilles ne présentaient pas de signes cliniques de la maladie d’Alzheimer de leur vivant (8 % des cas). Chez d’autres, qui présentaient des signes cliniques objectivés de la maladie, peu de lésions cérébrales ont été observées à l’autopsie (11 % des cas). En d’autres termes, « les lésions biologiques de la maladie d’Alzheimer ne sont ni nécessaires ni suffisantes pour causer les symptômes de la démence », écrivent dans Lancet Neurology le Pr Kenneth Rockwood, du département de médecine de l’Université Dalhousie à Halifax (Canada) et le Pr David Bennett, du département de sciences neurologiques de l’Université Rush de Chicago (États-Unis). Il existe d’autres facteurs de risque vasculaires, génétiques ou environnementaux. Les chercheurs ont suivi 456 personnes pendant 21 ans ; 53 % avaient un diagnostic de maladie d’Alzheimer possible ou probable à la dernière visite. Les participants ayant donné leur cerveau à la recherche, la maladie d’Alzheimer a été diagnostiquée de façon formelle (non probabiliste) à l’autopsie. Les chercheurs ont fait l’hypothèse que la fragilité physique, qui partage de nombreux facteurs  de risque avec la maladie d’Alzheimer (inactivité physique, hypertension, obésité, diabète…), pourrait jouer un rôle clé dans l’histoire naturelle de la maladie d’Alzheimer. La fragilité est définie dans cette étude comme une accumulation de déficits (index de fragilité à 41 critères). La fragilité est associée à un risque de maladie d’Alzheimer multiplié par 1,7. Chez les personnes peu fragiles physiquement, les lésions cérébrales pathologiques de la maladie d’Alzheimer s’expriment moins sur le plan clinique. Kenneth Rockwood, qui considère la fragilité comme un facteur de risque de déficit cognitif, explique ainsi le lien entre fragilité, lésions pathologiques, avancée en âge et survenue de la maladie : les dommages moléculaires et cellulaires liés au vieillissement s’accumulent au cours du temps, de façon microscopique, sans symptômes. La plupart des déficits de santé peuvent être associés à un déficit cognitif à la fin de la vie. Si ces dommages ne sont pas réparés par l’organisme ou par des interventions médicales ou de mode de vie, par exemple, ils s’accumuleront pour devenir détectables au niveau macroscopique et clinique, et seront appelés des maladies. L’intervention la plus importante pour réduire la fragilité physique et améliorer la cognition est l’exercice, qui a un effet direct sur la structure et la fonction du cerveau, à travers la formation de neurones, de vaisseaux, de synapses, et un effet indirect sur la cognition en agissant sur les facteurs de risque cardiovasculaires, la dépression, l’anxiété, le stress chronique, la nutrition et le sommeil (Searle SD et Rockwood K, 2015).

www.sciencedaily.com/releases/2019/01/190117192734.htm, 17 janvier 2019. Wallace LMK et al. Investigation of frailty as a moderator of the relationship between neuropathology and dementia in Alzheimer’s disease: a cross-sectional analysis of data from the Rush Memory and Aging Project. Lancet Neurol 2019; 18(2): 177-184. 1er février 2019. www.thelancet.com/pdfs/journals/laneur/PIIS1474-4422(18)30371-5.pdf. Searle SD et Rockwood K. Frailty and the risk of cognitive impairment. Alz Res Ther 2015 ; 7: 54. 3 août 2015. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4523015 (texte intégral).