Avoir un commerce alimentaire proche du domicile : un facteur protecteur ?

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Date de rédaction :
27 juillet 2020

Au Japon, Katsunuri Kondo, du centre national de gériatrie et de gérontologie à Aichi, et ses collègues, ont suivi, pendant 3 ans, une cohorte de 49 511 personnes âgées de 65 ans et plus, en population générale, dont 3 162 (6,4 %) ont développé une démence. Les nouveaux cas de démence ont été identifiés en reliant les participants de la cohorte au registre public des personnes âgées dépendantes, où sont consignés les résultats d’une évaluation à domicile standardisée et d’un examen médical. Dans chaque municipalité, un comité de certification envoie des enquêteurs au domicile des personnes âgées pour évaluer leur éligibilité aux aides publiques. Plus de 80 % des participants de la cohorte vivent dans la même commune depuis 30 ans ou plus, ce qui a donné l’idée aux chercheurs d’étudier l’effet de l’environnement alimentaire sur la survenue des troubles cognitifs. Les chercheurs ont mesuré l’accessibilité objective aux commerces d’alimentation et aux restaurants de proximité dans un rayon de 500 mètres à 1 kilomètre autour du quartier de résidence (chozo-aza, la plus petite unité administrative japonaise) des personnes atteintes de démence, en utilisant des données du ministère de l’Économie, du commerce et de l’industrie. Par ailleurs, un questionnaire directement adressé aux personnes atteintes de démence a mesuré l’accessibilité subjective des commerces de proximité vendant des fruits et légumes frais. L’accessibilité à ces commerces était jugée importante pour 16 % des participants, moyenne à haute pour 61 %, moyenne à faible pour 18 % et très faible pour 5 %. Les chercheurs observent que le risque de survenue d’une démence dans les 3 ans est multiplié par 1,74 entre un environnement alimentaire jugé très peu accessible et un environnement alimentaire jugé très accessible. Ces résultats sont similaires si l’on considère l’accessibilité objective aux commerces alimentaires. Pour les chercheurs, aller faire ses courses d’alimentation est une activité de routine et l’un des principaux motifs de sortie des personnes âgées. Une meilleure accessibilité des commerces alimentaires inciterait les personnes à y aller plus souvent en marchant. Une nouvelle étude sera menée en utilisant un système de géolocalisation pour confirmer cette hypothèse.

Tani Y et al. Neighborhood Food Environment and Dementia Incidence: the Japan Gerontological Evaluation Study Cohort Survey. Am J Prev Med 2019; 56(3): 383-392. Mars 2019. www.ajpmonline.org/article/S0749-3797(18)32384-5/pdf (texte intégral).