Diminuer les doses de neuroleptiques réduit rapidement les troubles du comportement

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Approches biomédicales

Date de rédaction :
07 août 2020

Les neuroleptiques, aussi appelés antipsychotiques, peuvent avoir diverses actions sur les délires, les hallucinations, la confusion, et avoir une action désinhibitrice ou sédative. En gériatrie, 80% des patients présentant des troubles du comportement sont traités par des médicaments neuroleptiques. Ces molécules ont cependant de nombreux effets indésirables, rappelle l’équipe d’Olivier Drunat, du service de gériatrie à orientation neuropsychogériatrie de l’hôpital Bretonneau (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) : elles augmentent les risques d’accident vasculaire cérébral et de décès, le risque de sédation diurne excessive, perturbant les échanges et la qualité de vie au quotidien, le risque de signes extrapyramidaux [mouvements lents et rares, face figée avec peu de clignements d’yeux ; rigidité ; tremblement au repos, surtout aux extrémités des membres supérieurs, disparaissant pendant le sommeil et les mouvements volontaires] et de troubles de la marche avec risque de chute. Les soignants sont peu enclins à diminuer les traitements neuroleptiques par crainte d’une récidive ou d’une aggravation des troubles du comportement. Les chercheurs ont mené une étude prospective observationnelle dans 5 hôpitaux du groupe hospitalo-universitaire Paris Nord Val-de-Seine, auprès de 78 personnes âgées en moyenne de 81,5 ans (65 % de femmes), ayant des troubles du comportement (index neuropsychiatrique NPI 26). La diminution des doses ou l’arrêt des neuroleptiques est associée à une diminution des troubles du comportement 8 jours après la modification du traitement. Les 2 motifs principaux de diminution du traitement sont l’intolérance (29 % des participants) ou l’absence d’indication (24 % des participants). Les troubles qui s’améliorent le plus sont la déambulation, l’agitation, le sommeil, les hallucinations et le délire. Ces troubles diminuent en fréquence et en intensité. Ils correspondent aux troubles du comportement dits « perturbateurs », qui sont à l’origine des plus importants désagréments pour l’entourage et sont la principale cause de la prescription de neuroleptiques chez les personnes atteintes de maladies neurodégénérative. Les auteurs expliquent : les neuroleptiques ont une action sédative. Leur diminution ou leur arrêt permet une restauration d’un rythme nycthéméral plus normal (alternance d’un jour et d’une nuit correspondant à un cycle biologique de 24 heures), qui engendre la diminution des troubles perturbateurs.

Houenou Quenum N et al. Impact de la diminution des neuroleptiques sur les troubles du comportement en gériatrie. Neurol Psychol Geriatr 2018 ; 107 : 279-284. Octobre 2018.