Biomarqueurs sanguins : vers un diagnostic sanguin, 16 ans avant l’apparition des symptômes de neurodégénérescence
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Diagnostic et détection
L’équipe de Mathias Jucker, du centre allemand pour les maladies neurodégénératives à Tübingen, en collaboration avec l’Université médicale de Washington, propose une nouvelle méthode, réservée à la recherche, qui permettrait de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes cognitifs, grâce à un simple test sanguin. Lors de la neurodégénérescence, les débris de neurones passent dans le sang où ils sont rapidement dégradés. Parmi ces résidus, une protéine, le neurofilament léger, est très résistante et reste en circulation sans être détruite. Dans une étude portant sur 243 personnes porteuses de variations génétiques responsables de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce (formes héréditaires rares de la maladie, mutations APP, PSEN1 et PSEN2, codant pour le précurseur de la protéine amyloïde et la préséniline), et 162 personnes sans troubles cognitifs, les chercheurs observent que la concentration de neurofilament léger est plus élevé dans le sérum des personnes à risque génétique. La concentration de neurofilament léger commence à changer 16 ans avant le début de la maladie. La variation du niveau de neurofilament léger au cours du temps permettrait d’identifier les personnes chez qui les lésions se développent à bas bruit, avant de conduire à une neurodégénérescence du cortex observable en imagerie par résonance magnétique et un déclin cognitif mesuré par le test MMSE (mini-mental state examination). Ce test n’est pas spécifique de la maladie d’Alzheimer, précisent les auteurs, mais il permet de suivre facilement une neurodégénérescence précoce dans plusieurs maladies neurodégénératives (Alzheimer, Huntington, sclérose en plaques). Cela permettra, d’une part, de sélectionner des personnes à risque pouvant participer à des essais cliniques de médicaments visant à modifier le cours de la maladie, et d’autre part de déterminer le meilleur moment pour administrer ces traitements. Un test pour détecter la présence de protéines dans le sang pourrait facilement faire partie d’un dépistage dans la pratique clinique neurologique, déclarent les chercheurs. Un kit pour détecter la présence de neurofilament est déjà disponible mais il n’a pas reçu l’autorisation de mise sur le marché de la FDA (Food and Drug Administration, autorité de contrôle fédérale américaine). Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer à partir de quelle concentration le neurofilament est un signe de la maladie.
Preische O et al. Serum neurofilament dynamics predicts neurodegeneration and clinical progression in presymptomatic Alzheimer’s disease. Nat Med, 21 janvier 2019. www.nature.com/articles/s41591-018-0304-3. www.alzforum.org/news/research-news/neurofilament-blood-foretells-early-onset-alzheimers, 21 janvier 2019. www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/28080-Un-nouveau-test-sanguin-detecter-maladie-d-Alzheimer, www.francetvinfo.fr/sante/maladie/alzheimer-un-test-sanguin-pour-un-diagnostic-precoce_3158285.html, 23 janvier 2019.