Biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer : quel intérêt chez les personnes les plus âgées ?

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Diagnostic et détection

Date de rédaction :
23 juillet 2020

Mathieu Lilamand et ses collègues, du centre de neurologie cognitive Paris-Nord à l’hôpital Lariboisière-Fernand Widal (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, INSERM U942), rappellent que des dépôts anormaux de peptide abeta-amyloïde et de protéine tau précèdent l’apparition des symptômes cliniques de la maladie d’Alzheimer pendant plusieurs décennies. Ces biomarqueurs, caractéristiques biologiques mesurables dans le plasma ou le liquide céphalo-rachidien, et reflets des processus pathologiques, permettent d’établir un diagnostic étiologique plus précis et plus précoce lorsqu’ils sont combinés à l’évaluation neuropsychologique et à l’imagerie cérébrale. L’intérêt des biomarqueurs pour indiquer la pathologie sous-jacente et prédire la progression des troubles cognitifs a été démontré par des études longitudinales récentes. Les nouveaux critères de recherche de la maladie d’Alzheimer incitent également à une augmentation de leur utilisation pour inclure les patients dans les essais thérapeutiques. Leur utilisation est également croissante depuis plusieurs années dans les centres experts (CMRR) et les consultations mémoire. Néanmoins, soulignent les chercheurs, l’interprétation des dosages demeure complexe chez les patients les plus âgés et doit toujours s’intégrer dans une démarche clinique individualisée. Une réflexion éthique relative à leur utilisation est donc indispensable en l’absence de cadre de prescription bien établi pour le moment.

Cependant, à ce jour, il reste difficile de valider des biomarqueurs plasmatiques car ils présentent plusieurs limites et risques.  Le ou les marqueurs dosés n’ont pas pour origine exclusive le système nerveux central. De plus, la concentration plasmatique détectée peut être influencée par une autre maladie présente, par exemple une inflammation ou une infection. Actuellement, le dosage de la protéine tau totale est réalisable dans le sang mais n’est pas établi comme reflet fidèle du taux de la protéine tau dans le cerveau.

Lilamand M et al. Quel est l’intérêt aujourd’hui des biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer, chez les patients âgés et très âgés ? Gériatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2019 ; 17(1) : 65-72. www.jle.com/fr/revues/gpn/e-docs/quel_est_linteret_aujourdhui_des_biomarqueurs_de_la_maladie_dalzheimer_chez_les_patients_ages_et_tres_ages__314018/article.phtml.