Comportements sexuels inappropriés chez les personnes atteintes de troubles neurocognitifs à domicile

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Diagnostic et détection

Date de rédaction :
11 septembre 2020

Chloé Carrus et Christophe Trivalle, du service de soins de suite et réadaptation (SSR) Alzheimer à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), soulignent que parmi les troubles comportementaux de la démence, les comportements sexuels inappropriés sont très peu étudiés, alors qu’ils sont à l’origine d’une grande détresse pour les patients et leur famille. Une étude quantitative, observationnelle et rétrospective, incluant 130 patients suivis à l’hôpital de jour, montre que ces comportements sont observés chez 18,5 % des patients. Ils sont associés dans 2/3 des cas au sexe masculin (risque multiplié par 3,5, p=0,006) et dans 30 % des cas à un score cognitif MMSE (mini-mental state examination) inférieur à 15/30 (risque multiplié par 3, p=0,015). Les comportements les plus fréquemment observés sont des gestes déplacés dirigés vers d’autres personnes, la désinhibition, les commentaires à caractère sexuel dirigées vers des personnes inconnues ou l’utilisation d’un langage grossier. Avant l’étude, 58 % des aidants n’avaient pas identifié le trouble de leur proche comme un comportement sexuel inapproprié ; 100 % des aidants déclaraient que ce trouble avait un impact sur leur vie quotidienne. Le fardeau de l’aidant (difficultés ressenties au niveau financier, physique ou émotionnel), évalué sur l’échelle de Zarit, est important (>30/88 dans 85 % des cas). Pour 86 % des aidants de l’étude, le médecin généraliste devrait être l’interlocuteur privilégié pour aborder ce sujet. Pour les auteurs, les médecins généralistes doivent être sensibilisés afin que le sujet de la sexualité chez les patients âgés atteints de troubles neurocognitifs sévères soit systématiquement abordé en consultation. Des outils d’évaluation spécifiques et une définition universelle des comportements sexuels inappropriés doivent être élaborés. Il n’existe aucune recommandation sur leur prise en charge. Pour les auteurs, une approche psycho-comportementale serait la plus adaptée. 

Carrus C et Trivalle C. Les comportements sexuels inappropriés chez la personne âgée démente à domicile. NPG Neurol Psychiatr Gériatr 2020; 20(117) : 128-130. www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1627483020300271.