Santé cognitive
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Sandrine Andrieu, professeur de santé publique et directrice de l’UMR 1027 INSERM-Université Toulouse III « Épidémiologie et analyses en santé publique : risques, maladies chroniques et handicaps », souligne que la notion de santé cognitive est une nouvelle façon d’appréhender la cognition par le prisme du vieillissement. Pendant longtemps, en effet, on n’étudiait cette cognition qu’au travers de certaines pathologies, notamment la maladie d’Alzheimer, mais l’étude en profondeur du vieillissement a permis de montrer que certains facteurs pouvaient améliorer notre réserve cérébrale, notre « capital cognitif ». Ce capital permet de mieux faire face aux processus neurodégénératifs en mettant en œuvre des mécanismes de compensation. La réserve de capacité cognitive peut être améliorée par un mode de vie adapté. Pour Sandrine Andrieu, il est très difficile d’affirmer que nous sommes tous concernés par le déclin cognitif. En effet, peu de travaux de recherche ont été réalisés sur le sujet. Si certaines capacités cognitives diminuent avec l’âge de façon objective et subjective, d’autres peuvent rester intactes tout au long de notre vie. Si nous arrivons à un âge avancé avec une meilleure réserve cognitive, nous limitons le risque de déclin cognitif. Sandrine Andrieu rappelle également qu’il convient de distinguer la maladie d’Alzheimer du déclin cognitif. La maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative liée à des anomalies cérébrales. Elle est asymptomatique pendant plusieurs années : la maladie est bien présente mais les personnes qui sont atteintes n’ont aucun trouble visible et ne présentent pas d’anomalies cliniques évaluées par des tests cognitifs. Après une période très variable selon les sujets, la personne atteinte présente un déclin cognitif, c’est-à-dire une diminution des performances à ces tests. Ce déclin s’aggrave avec le temps à une vitesse très variable selon les personnes. Le déclin cognitif n’est pas spécifique à la maladie d’Alzheimer : il peut survenir dans le cadre d’autres maladies neurodégénératives ou de troubles comme l’anxiété ou la dépression.
Aux Pays-Bas, l’équipe du Pr Philip Scheltens, du centre Alzheimer d’Amsterdam, montre, dans une étude de neuroimagerie auprès de 839 personnes présentant une accumulation cérébrale de protéine amyloïde, qu’une plus grande réserve cognitive (volume de matière grise et de substance blanche) atténue la progression clinique au stade précoce de la maladie d’Alzheimer, que mais le déclin cognitif s’accélère après le stade du déficit cognitif léger.
Le Journal du médecin coordonnateur, mai-juin 2019. Van Loehoud A et al. Cognitive reserve and clinical progression in Alzheimer disease: A paradoxical relationship. Neurology, 2 juillet 2019. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31266904.