Ateliers thérapeutiques adaptés au manger-mains en unité d’hébergement renforcée
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Le « manger-mains » consiste à présenter des portions dînatoires servies individuellement, pouvant être servies avec les mains et consommées en une bouchée. Les symptômes psycho-comportementaux liés à la maladie d’Alzheimer et aux maladies apparentées aggravent la prévalence de la perte d’autonomie et de la dénutrition protéino-énergétique, elles-mêmes interdépendantes, rappellent les ergothérapeutes Marietta Kersalé et Sandra Vaz, et la diététicienne-nutritionniste Marjorie Cleray, de l’hôpital Bicêtre (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Elles ont expérimenté deux modalités d’ateliers thérapeutiques « manger-mains » : la cuisine et le buffet, dans une unité d’hébergement renforcé. L’atelier de cuisine a été organisé une fois par semaine, pour 4 à 6 patients. La recette, sucrée ou salée, est choisie avec les personnes malades. Lors de la rédaction de la recette par les rééducateurs, ceux-ci l’enrichissent en aliments énergétiques et en protéines, ce qui permet d’augmenter la densité nutritionnelle sans augmenter le volume des mets. Les ateliers ont permis la réalisation d’un livret de recettes actualisé en permanence. À l’issue de l’atelier, une dégustation est proposée avant le repas du midi ou lors du goûter. Une évaluation de la prise alimentaire a été réalisée pour 16 patients, âgés en moyenne de 82 ans, avec un score cognitif MMSE (mini-mental state examination) impossible à réaliser pour 8 patients et situé entre 3 et 15/30 pour les autres [stade sévère à modéré]. L’indépendance fonctionnelle pour la prise alimentaire est en moyenne de 92 % lors d’un repas pris en manger-mains contre 44 % lors d’un repas délivré par la restauration collective. Le buffet thérapeutique, quant à lui, a lieu une fois par mois. Il s’agit d’un déjeuner présenté en manger-mains, avec des textures normales, hachées tendres et moulinées tendres. Tous les professionnels de l’unité et les familles des patients sont conviés. Tous les patients parviennent à s’alimenter seuls ou sur stimulation verbale. Il est à noter que la prise alimentaire de l’équipe favorise celle des patients.
Kersalé M et al. Ateliers thérapeutiques culinaires dans une unité d’hébergement renforcée. Neurol Psychol Gériatr 2019 ; 19 : 300-306. Octobre 2019. www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1627483019301035.