Chez les personnes bilingues, la maladie d’Alzheimer survient plus tard, mais de manière plus intense

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Date de rédaction :
24 avril 2020

Camille Gaubert, journaliste à Sciences et Avenir, utilise une métaphore hydraulique : « le cerveau face à Alzheimer fonctionne comme un barrage : plus il est massif, plus il retient longtemps le cours de la maladie. Quand il finit par céder, l’inondation est rapide et importante. La taille du barrage, les spécialistes d’Alzheimer l’appellent « réserve cognitive ». Cette faculté à résister – un temps – aux dégâts de la maladie en utilisant ses réseaux neuronaux préexistant ou en en créant de nouveaux est notamment fonction du nombre de langues que l’on maîtrise. » Le langage active en effet des zones cérébrales pendant la plus grande partie de la journée, exerçant ainsi une influence importante sur la plasticité du cerveau. Matthias Berkes, du département de psychologie de l’Université d’York (Royaume-Uni) et ses collègues de l’Université de Toronto (Canada), ont suivi, pendant 5 ans, 158 personnes ayant un diagnostic de déficit cognitif léger, 83 monolingues et 75 bilingues. La conversion du stade du déclin cognitif léger vers la maladie d’Alzheimer est significativement plus rapide (1,8 an) chez les personnes bilingues que chez les monolingues (2,8 ans). Les chercheurs expliquent que les bilingues ne sont pas plus fragiles face à la maladie mais qu’au contraire ils en ont compensé l’évolution si efficacement qu’ils n’ont montré des symptômes qu’à un stade plus avancé. L’âge au diagnostic des personnes bilingues est de 77,8 ans contre 75,5 ans pour les personnes monolingues. Cet effet protecteur du bilinguisme n’est pas influencé par l’éducation, le niveau cognitif, le statut d’immigration ou le sexe.

Berkes M et al. Conversion of Mild Cognitive Impairment to Alzheimer Disease in Monolingual and Bilingual Patients. Alzheimer Dis Assoc Disord, 13 février 2020. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32049674. www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/alzheimer-les-bilingues-declareraient-la-maladie-plus-tard-mais-plus-fort_141556, 15 février 2020.