Unité cognitivo-comportementale : un micromonde

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Les professionnels

Date de rédaction :
27 juillet 2020

À Issy-les-Moulineaux, une unité spécialisée de l’hôpital Corentin-Celton (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) prend en charge pour quelques semaines des personnes âgées perturbées, parfois violentes. La règle d’or du personnel est d’accorder le plus de liberté possible aux résidents. « Le lieu est anodin, pas très grand, en forme de carré. Passée l’heure du dîner, c’est une drôle de ronde qui débute là », écrit Éric Favereau, de Libération. Une balade à la Fellini, incertaine, pour une nuit bien fragile. Quelques-uns des onze patients de l’unité vont se mettre à déambuler, à tourner sans fin, sans autre but que de ne pas s’arrêter ; certains, à l’inverse, se retranchent dans leur chambre. Une sorte de bateau ivre qui tangue mais laisse passer les vagues (…) on a l’impression d’une oasis, comme un petit miracle. Et cela est d’autant plus frappant à l’heure où la règle est de dénoncer la façon dont la société prend en charge les personnes les plus âgées. C’est une humanité fragilisée qui vit là. La nuit surtout, quand il faut tenir encore un peu, jusqu’au jour prochain. » « On ne sait jamais comment sera la nuit », dit une infirmière. 19 h 30 est le moment charnière. La nuit sera-t-elle calme ? Il y a quelque temps, une veille femme a mis à cran toute l’unité par ses cris incessants. « On a beaucoup de mal avec la très grande anxiété », dit le Dr Véronique Mangin d’Ouince, qui dirige cette unité. « C’est imprévisible, dit l’infirmière. Mais on s’adapte. Ici, c’est la règle, c’est le lieu qui s’adapte aux patients et non l’inverse. » La personne âgée veut-elle aller se coucher ? Se lever, marcher, rester au lit ? Se laver ou encore manger ? « Jamais on ne force, sauf bien sûr, cas extrême, si le malade est trop incontinent. » La nuit, il y a deux aides-soignantes et une infirmière pour tout l’étage. « Ici, cela marche parce qu’on est en nombre », dit Fanny, aide-soignante, qui se dit heureuse de travailler dans cette unité : « on se sent utile. Quand on voit “nos vieux” partir après quelques semaines, on est contents. Ils vont mieux, ils ne sont plus agressifs, ils ne sont plus abrutis par des médicaments. Et en tant qu’aide-soignante, c’est épanouissant. » Le journaliste observe : « Étonnant micromonde où l’on fait confiance, où le personnel soignant ne se plaint pas, où tout est centré sur le patient même si celui-ci vous épuise. »

www.liberation.fr/france/2019/02/06/geriatrie-ici-c-est-le-lieu-qui-s-adapte-au-patient_1707822, 8 février 2019.