Baluchonnage : le temps long à domicile

Parenthèse à domicile couvre la moitié Sud de la Seine-Maritime avec 3 salariés à plein temps, plus un quart temps de coordonnateur en soutien de l’équipe. L’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer représente 60 % des interventions. Loïc Roussel, coordonnateur estime que le baluchonnage donne du sens à sa profession, en lui permettant de déployer ses savoir-faire dans un espace enfin libéré des contraintes de temps. Le baluchonnage est conçu comme un relais de l’aidant dans les conditions les plus proches de sa vie, avec une préparation de l’intervention en amont et un débriefing en aval. Pour Loïc Roussel, cette démarche est inconciliable avec le relayage proposé dans sa forme actuelle en France : « des relais en 3 fois 8 heures ou en 2 fois 12 heures, sans intervenant unique, ne permettent pas cette approche. Si les changements d’intervenant se produisent quand la personne dort, par exemple, et qu’elle se réveille en voyant un inconnu chez elle, cela peut être problématique. La formule ne vaut pour les aidants que si elle est respectueuse de la vie de l’aidé, et la moins déstabilisante possible. S’il y a une aide à la toilette, on s’appuie sur ce que fait le proche, et on fera de même ». Chaque intervention de déroule avec un temps de présence maximum de chaque salarié au domicile de 3 jours et 2 nuits avant relais. « Je définis le rythme en fonction de la situation sur place », explique le coordonnateur : si les nuits sont calmes, on peut faire 3 jours sans difficulté. A l’inverse, on accélèrera les relais pour que cela reste respirable. Le temps long au domicile peut être épuisant. Si l’intervenant sature, parce que par exemple une personne malade est dans la répétition permanente, on organise un remplacement en urgence. C’est dans ce genre de situation que j’interviens au débotté. » Mais le temps long reste un paramètre essentiel : « mettre le couvert avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer peut prendre une heure et demie si on la laisse faire, cinq minutes si on le fait à sa place. Mais en réalité, c’est un vrai atelier mémoire. »

Doc’Alzheimer, janvier-mars 2019.