Idées suicidaires, idées d’euthanasie
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Les aidants / les familles
Des études récentes montrent que les idées suicidaires concerneraient environ 15 % des aidants familiaux de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés. Ce domaine de recherche est encore embryonnaire. Joel Anderson et Alexis Eppes, du collège de sciences infirmières de l’Université du Tennessee à Knoxville (Etats-Unis) et Siobhan O’Dwyer, du collège de médecine de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni), ont analysé 2 345 publications sur 9 blogs d’aidants de personnes atteintes de démence. Cinq thèmes associés à des idées de suicide ou d’homicide ont été identifiés ; ils concernent les soins de fin de vie, les idées de mort ou d’euthanasie exprimés par la personne malade, la prise de décision par un tiers, les idées de suicide de l’aidant, et les idées d’homicide et d’euthanasie par l’aidant.
En Italie, Milena Zucca, du département de neurosciences de l’Université de Turin, a comparé le risque de suicide chez 35 personnes atteintes de démence fronto-temporale et chez 25 personnes sans troubles cognitifs, en utilisant l’échelle d’idéation suicidaire. Des idées suicidaires sont présentes chez 40 % des personnes atteintes de démence fronto-temporale contre 8 % dans le groupe témoin (p=0.009). Les personnes à risque suicidaire présentent un niveau plus élevé d’anxiété, de dépression, de stress et ont le sentiment qu’il n’y a pas d’espoir (p<0.001). Les tentatives de suicide concernent des personnes plus jeunes et malades depuis plus longtemps que les personnes ayant seulement un niveau élevé d’idées suicidaires.
En Corée, An Ji Hyun et ses collègues, du département de psychiatrie du centre médical Samsung à Séoul, ont évalué le risque suicidaire chez 10 169 patients atteints de déficit cognitif léger. L’âge moyen des patients décédés par suicide (71,4 ans) est inférieur à l’âge moyen des patients décédés de façon accidentelle (75,7 ans). Les chercheurs observent, par rapport à la population générale, une surmortalité de 44 % par accident chez les patients atteints de déficit cognitif léger, de 72 % chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer et de 214 % chez les patients atteints de démence vasculaire. Le chômage multiplie le risque de suicide par 3,7 et de mort accidentelle par 2,1. Les troubles cognitifs ne sont pas associés à une surmortalité par suicide mais à une surmortalité par accident.
Anderson JG et al. “Like Death is Near”: Expressions of Suicidal and Homicidal Ideation in the Blog Posts of Family Caregivers of People with Dementia. Behav Sci 2019; 9: 22. 3 mars 2019. www.mdpi.com/2076-328X/9/3/22/pdf (texte intégral). Zucca M et al. High Risk of Suicide in Behavioral Variant Frontotemporal Dementia. Am J Alzheimers Dis Other Demen, 2019: 34(4): 265-271. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30558441, 1er juin 2019. An JH et al. Risk of suicide and accidental deaths among elderly patients with cognitive impairment. Alzheimers Res Ther, 11 avril 2019. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30975186.