Deuil anticipé d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer : la dépression du conjoint commence 3 à 4 ans avant le décès

On sait que le risque de décès de l’aidant est élevé après le décès d’un conjoint. Mais on dispose de peu de données sur les changements des troubles de l’humeur avant et après le deuil chez les personnes dont le conjoint est décédé de maladie d’Alzheimer. Elina Einiö, de l’unité de recherche sur les populations à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Helsinki (Finlande), a analysé les changements dans la prévalence de l’utilisation d’antidépresseurs pendant 3 mois, 5 ans avant et 3 ans après le veuvage, chez 41 855 personnes veuves dont le conjoint est décédé de maladie d’Alzheimer ou d’autres causes. Cinq ans avant le veuvage, la fréquence de la consommation d’antidépresseurs sur trois mois était de 4 % chez les hommes veufs et de 6 à 7 % chez les femmes veuves, que le conjoint soit décédé de maladie d’Alzheimer ou d’autres causes. D’autres changements dans l’utilisation des antidépresseurs dépendent de la cause du décès du conjoint. Les femmes dont le conjoint est décédé de maladie d’Alzheimer ont connu une forte augmentation de la consommation d’antidépresseurs à partir de 3 à 4 ans avant le veuvage, alors que les autres veuves n’ont connu une forte augmentation qu’après le veuvage. Les trajectoires des hommes étaient similaires. La consommation d’antidépresseurs après le décès d’un conjoint atteint de maladie d’Alzheimer est restée à un niveau plus élevé après le veuvage. Pour les auteurs, il est nécessaire de mettre en place des services de soutien aux aidants lorsque les troubles neurocognitifs du conjoint progressent.

Einiö E et al. Is impending or actual death of a spouse with dementia bad for mental health? Antidepressant use surrounding widowhood. Eur J Public Health, 1^er juillet 2020. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32607530/.