Journée nationale des aidants : les aidants en entreprise
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Les aidants / les familles
« La contribution économique des aidants familiaux se compte en centaines de milliards d’euros. Les entreprises commencent à reconnaître et épauler leurs salariés aidants », rappelle dans Les Échos Serge Guérin, sociologue du vieillissement et professeur à l’INSEEC School of Business and Economics de Paris. « Près de la moitié des aidants exercent une activité professionnelle. Si les entreprises ne s’emparent pas de cette question, elles en feront elles-mêmes les frais en termes de productivité et d’absentéisme », dit-il. « Dans une entreprise sur cinq, les absences pour parent malade dépassent celles pour enfant malade. Si, dans une grosse entreprise, on parvient souvent à s’organiser, c’est plus difficile pour une PME. De plus en plus d’entreprises l’ont compris et commencent à inscrire la question des aidants dans leur démarche de responsabilité sociétale (RSE), dans des politiques d’inclusion, dans des accords avec les partenaires sociaux ». Pour le sociologue, les entreprises doivent trouver des solutions pour permettre aux aidants de rester le plus impliqué possible dans leur travail. Il existe par exemple des plateformes de services qui épaulent les aidants et d’autres salariés fragilisés dans leurs démarches sociales et administratives. Pour que les grandes entreprises ne soient pas les seules à pouvoir offrir ce service, la cotisation est calculée en fonction du nombre de salariés. Ce type de service fait aussi avancer la question de l’égalité entre les femmes et les hommes car très majoritairement l’aidant est une aidante. Une réflexion sur l’organisation du travail, l’adaptation des plannings et des horaires, doit aussi être menée, notamment dans le cadre des négociations autour du télétravail. En parallèle, on pourrait imaginer un fonds de péréquation où les employeurs cotiseraient pour soutenir les aidants en activité indépendamment de la taille de leur entreprise. Mais beaucoup d’aidants n’osent pas se signaler à leur hiérarchie de peur d’être stigmatisés. L’enjeu premier est donc de sensibiliser l’ensemble des salariés et des managers, et de créer une culture d’entreprise qui prend en compte les fragilités. Le sociologue propose d’inclure la gestion des aidants dans les critères de performances des managers. Il estime aussi que l’État doit prévoir une protection sociale spécifique permettant de mutualiser le risque de devenir un jour aidant de personnes âgées dépendantes. Enfin, pour Serge Guérin, il faut aussi soutenir davantage les métiers de l’accompagnement des plus fragiles, quel que soit l’âge. On est aidant aussi parce qu’il y a un manque de personnes formées pour accompagner les plus fragiles.
La cause des salariés aidants intéresse aussi la Mutuelle générale, qui vient de lancer un « Observatoire solidaire » pour prendre part au débat public sur cet enjeu de société. Benoît Durand, directeur délégué de France Alzheimer et maladies apparentées, est membre du conseil d’orientation de cet observatoire, ainsi que Serge Guérin.
Les Echos, 6 octobre 2020. www.lamutuellegenerale.fr/nous-connaitre/actualites/la-mutuelle-generale-lance-un-observatoire-solidaire-pour-faire-grandir-la-cause-des-salaries-aidants.html, 24 septembre 2020.