Mort oublié à l’hôpital : les réactions
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Cet événement ne surprend pas Brigitte Huon, vice-présidente de France Alzheimer : « nous sommes souvent appelés par des familles, qui nous disent qu’une personne malade est partie de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Il y a eu plusieurs cas de décès. Ces patients ont parfois des comportements déroutants. Bien que très affaiblis, ils peuvent trouver des ressources pour partir. » Si les personnels sont formés dans les EHPAD, ce n’est pas toujours le cas dans les services hospitaliers. « Une personne désorientée qui attend plusieurs heures sur un brancard sans prise en charge spécifique, c’est compliqué. »
Pour Olivier de Ladoucette, psychiatre et gériatre, « c’est surtout un personnel formé qui comprend la difficulté et puis également un petit peu de souplesse. Souvent, dans les hôpitaux, les familles viennent avec leurs parents présentant ce type de trouble et disent : cette nuit, est-ce que vous m’accorderez la possibilité de rester dans la même chambre parce que je sais que mon père ou ma mère risque d’être un peu agité. On leur répond que ce n’est pas dans le règlement et que c’est compliqué. Le résultat, c’est qu’ils partent et le lendemain ils trouvent leurs parents souvent dans une camisole physique ou chimique parce qu’entretemps, ils se seront réveillés, ils auront tenté de se déplacer dans le service. Cela pose de gros problèmes. Tous les jours, vous avez des malades d’Alzheimer qui se perdent autour de leur domicile, au départ d’un EHPAD ou dans les hôpitaux, ça arrive. Heureusement, la fin n’est pas tragique comme celle-là mais ça arrive en permanence. Il faut trouver des outils, il faut trouver une formation pour répondre à ce problème. » Judith Mollard-Palacios, experte psychologue à l’association France Alzheimer, souhaite que les pouvoirs publics mènent davantage d’action de prévention en faveur des personnes atteintes de handicap cognitif. Un tiers des personnes malades sont sujettes à la déambulation et parfois à l’errance. Sur 40 000 disparitions inquiétantes annuelles signalées aux forces de l’ordre en 2011, 15 % concerneraient des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. À un stade avancé de la maladie, ces personnes n’ont aucune stratégie pour retrouver leur chemin ou demander de l’aide.
Déambuler ? Plutôt un joli mot », écrit Pierre Bienvault, de La Croix. « Marcher sans but précis selon sa fantaisie », dit le dictionnaire. Mais dans le cas de la maladie d’Alzheimer, le terme est souvent synonyme d’épreuve pour les proches. « C’est un facteur d’épuisement majeur car bien souvent, c’est la nuit que les malades commencent à déambuler. Et comment voulez-vous dormir quand votre conjoint tourne pendant des heures autour de la table du salon sans que rien ne puisse l’arrêter ? » interroge Catherine Ollivet, présidente de l’association France Alzheimer 93.
www.francetvinfo.fr/sante/maladie/les-fugues-sont-frequentes-chez-les-patients-alzheimer-selon-une-association_3604623.html, www.lefigaro.fr/actualite-france/marseille-disparu-a-l-hopital-un-septuagenaire-retrouve-mort-quinze-jours-apres-20190904, www.francetvinfo.fr/sante/maladie/deces-a-l-hopital-d-un-homme-atteint-d-alzheimer-l-univers-hospitalier-n-est-absolument-pas-adapte-a-ces-patients_3604509.html, 5 septembre 2019.