Concilier droit à la liberté d’aller et venir et exigence de sécurité
Édito
À la surprise générale, un arrêté en date du 28 mars 2022 interdisant la conduite à toute personne atteinte de troubles cognitifs légers était publié. Une telle précipitation à quelques jours de l’élection présidentielle interroge et traduit un réel mépris pour les 1,2 million de personnes qui vivent au quotidien avec une maladie d’Alzheimer et leurs aidants.
Mais le plus choquant, c’est qu’aucune mesure d’accompagnement n’a été proposée, ni même de solutions alternatives. En effet, leur interdire de conduire sans proposer d’autres solutions alternatives est une double peine qui conduira à une rupture des soins, à la crainte de se faire diagnostiquer… alors même que l’ensemble des acteurs, pouvoirs publics, associations de patients, professionnels de santé encouragent un diagnostic précoce.
Comment en sommes-nous arrivés à une telle stigmatisation de nos aînés, en particulier les plus vulnérables d’entre eux ?
Car ne nous trompons pas, la question n’est pas celle de l’interdiction de la conduite automobile mais bien celle de l’accompagnement à l’arrêt de la conduite pour toutes les personnes qui présentent une inaptitude à la conduite.
La Fondation Médéric Alzheimer en partenariat avec l’Association Prévention Routière et France Alzheimer et maladies apparentées mènent un projet de recherche « Alzheimer et Mobilités » depuis plus d’un an, financé majoritairement par l’État, dont l’objectif principal est de concevoir les outils pour accompagner les proches aidants, les personnes vivant avec des troubles cognitifs, le corps médical et les professionnels du permis de conduire vers l’arrêt de la conduite. Les résultats devaient être annoncés dans quelques mois et devraient permettre la co-construction de solutions concrètes, adaptées aux réalités du terrain et au vécu des personnes directement concernées.
Plus que jamais notre projet de recherche « Alzheimer et Mobilités » prend tout son sens. Travaillons ensemble avec les pouvoirs publics pour apporter les solutions adéquates.
Hélène Jacquemont,
Présidente de la Fondation Médéric Alzheimer