Les UCC doivent casser leur image d’« unités déversoirs » pour devenir des unités d’élite

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
03 décembre 2021

Encore méconnues, les unités cognitivo-comportementales (UCC) pourraient pourtant devenir des unités d’élite, en montrant leur savoir-faire et en renversant l’image négative qu’elles peuvent avoir, notamment auprès des professionnels d’EHPAD. C’est le constat de Laëtitia Ngatcha-Ribert, responsable d’études sociologiques à la Fondation Médéric Alzheimer, qui a mené une enquête qualitative ethnographique (KALIUC2) dans 5 UCC, dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation Médéric Alzheimer et le gérontopôle d’Ile-de-France Gérond’if. Au total, 124 entretiens semi-directifs ont été menés auprès de professionnels, de proches aidants et de personnes malades.  La plupart des soignants ont choisi de travailler dans ces unités qui reposent sur une prise en charge globale alliant une stratégie médicamenteuse et un accompagnement pluridisciplinaire avec des professionnels de la rééducation et du champ social. Parmi les dérives, l’enquête pointe des critères d’admission non respectés, avec des patients arrivant à un stade avancé et n’étant plus capables de de participer aux activités, des interventions non médicamenteuses peu fréquentes et des patients avec des durées moyennes de séjour (DMS) longues. Alors que la DMS devrait être en moyenne de 30 ou 40 jours, cette durée peut être largement dépassée, certains patients y restant plus d’un an, car il peut manquer de places ensuite en aval, observe la sociologue. Il y a encore une grande méconnaissance des UCC au niveau de l’offre et des parcours de soins, y compris des professionnels. Les patients qui sortent de ces unités portent ensuite une sorte d’étiquette « UCC » et les soignants doivent aller rassurer les équipes des EHPAD en disant que ces patients sont tout à fait accompagnables et gérables. L’UCC est une unité qui fait peur aux autres professionnels, qui provoque un isolement de ceux qui y travaillent, et qui sont demandeurs d’échanges, de rencontres entre unités et de création de réseaux Les professionnels demandent aussi qu’il y ait une personne référente qui coordonnerait l’ensemble des intervenants, ainsi que des formations d’accompagnement au deuil en raison de décès brutaux, ou de patients qui n’ont finalement pas été envoyés en soins palliatifs.

Gérontonews, 17 novembre 2021.