L’enrichissement sensoriel des jardins thérapeutiques améliore les fonctions cognitives et l’autonomie des résidents d’EHPAD vivant avec la maladie d’Alzheimer
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Des stimulations sensorielles multiples de l’environnement améliorent l’autonomie des personnes malades dans les activités de la vie quotidienne en renforçant les capacités de marche et d’équilibre. C’est ce que montrent Etienne Bourdon et Joël Belmin, du pôle de gériatrie de l’hôpital Charles-Foix à Ivry (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), qui ont mené un essai pilote contrôlé dans 4 maisons de retraite offrant un accès séparé à un jardin sensoriel conventionnel et à un jardin sensoriel enrichi. L’enrichissement sensoriel est un aménagement architectural comprenant 12 modules : un cadran solaire végétal ; un espace où poser un chevalet ; un espace pour réfléchir ; un espace pour l’orientation spatio-temporelle avec la lumière du soleil ; une amplification sensorielle (plantations étagées) ; une arche végétale pour l’apaisement ; un espace de peinture au sol ; un espace de motricité ; un espace sonore et musical ; un espace multi-matériaux pour marcher, exercer son équilibre, prévenir les chutes et utiliser ses différents sens ; un jardin ergonomique pour un accès adapté aux bacs de plantation ; un cercle de la sérénité, pour réduire les troubles du comportement.
Les 120 participants, âgés en moyenne de 81 ans, étaient des résidents atteints de maladie d’Alzheimer non sévère (score MMSE 17,5/30), autonomes pour la marche et sans troubles du comportement. Les résidents éligibles ont été divisés en trois groupes en fonction de la proximité de leur chambre : proche des jardins pour les deux premiers groupes et plus éloigné des jardins pour le groupe témoin. Les chercheurs ont demandé au personnel d’inviter fréquemment les résidents à se rendre dans les jardins en fonction de leur affectation à un groupe. Aucune invitation aux jardins n’a été faite au groupe témoin. Les chercheurs ont installé 12 modules d’enrichissement dans le jardin enrichi pour stimuler les fonctions cognitives, l’autonomie, la marche et l’équilibre. La fonction cognitive (mesurée par le score MMSE – mini-mental state examination), l’autonomie pour les activités de la vie quotidienne (mesurée par l’échelle AVQ) et le risque de chutes (station debout sur un pied et test chronométré du lever de chaise – timed up and go test) ont été évalués au départ et après 6 mois. Parmi les participants invités à se rendre dans le jardin sensoriel enrichi, les changements à 6 mois du MMSE ont montré une amélioration par rapport aux autres groupes (+0,93 vs -0,25 dans le groupe jardin conventionnel et -0,24 dans le groupe témoin, p<0,0001). Les activités de la vie quotidienne, le test chronométré du lever de chaise et la station unipodale ont été significativement améliorés dans le groupe ayant visité le jardin sensoriel enrichi par rapport aux autres groupes, ce qui indique de meilleures capacités fonctionnelles.
Bourdon E et Belmin J. Enriched gardens improve cognition and independence of nursing home residents with dementia: a pilot controlled trial. Alz ResTher 2021; 13(1): 116. 16 juin 2021. https://doi.org/10.1186/s13195-021-00849-w (texte intégral).