Dans la maladie d’Alzheimer, les troubles du comportement sont d’abord une réaction à des modifications de l’environnement des personnes malades

Recherche

Date de rédaction :
17 septembre 2021

Les troubles du comportement des personnes malades sont communément appelés « symptômes psycho-comportementaux associés à la maladie d’Alzheimer ». Cette dénomination impliquerait qu’ils sont attribuables à la maladie, sans tenir compte des facteurs déclencheurs qui se trouvent dans l’environnement de la personne et sur lesquels il est possible d’agir.  C’est une approche bien connue du monde des professionnels du handicap, mais pas toujours des soignants ou aidants. Cette approche est pourtant très utile dans l’accompagnement, en prévention des troubles du comportement. Une discussion lancée dans la revue médicale Lancet appelle à changer profondément le regard sur les causes des troubles du comportement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et la terminologie sur ces troubles. « Nous comprenons de plus en plus que les personnes atteintes de troubles profonds de la mémoire et d’obstacles à la communication s’expriment par d’autres moyens, tels que les gestes, le langage corporel et d’autres comportements. Qu’ils soient suscités par la douleur, l’inconfort ou l’interprétation de milieux qui ne sont plus familiers et réconfortants, il est important que ces comportements soient considérés comme des réactions plutôt que comme un déficit intrinsèque de la maladie d’Alzheimer, comme le laissent entendre des termes tels que « symptômes psycho-comportementaux de la maladie d’Alzheimer. » Cet important virage terminologique nous a également amenés à décrire comme une marche avec un but précis ce que l’on appelait auparavant l’errance. » C’est ce qu’écrivent Desmond O’Neill et Sean Kennelly, du département de gérontologie médicale au Trinity College de Dublin (Irlande). Cette perspective et ce langage centrés sur la personne devraient inciter à interpréter le plus possible les facteurs précipitants du comportement réactif et à cibler ainsi la prise en charge. Le potentiel de cette approche est prouvé par un essai montrant une réduction du comportement réactif avec une analgésie régulière dans les maisons de retraite, ce qui suggère que la douleur non détectée peut précipiter le comportement réactif. Même lorsqu’aucun facteur précipitant clair ne peut être identifié, il est préférable que des mesures non médicamenteuses apportant confort, réconfort et stimulation appropriée soient utilisées comme réponse en première intention. Comprendre le monde intérieur et les souhaits de nos semblables atteints de la maladie d’Alzheimer est la clé d’un accompagnement réussi, soulignent les auteurs.

O’Neill D et Kennelly S. Responding to Responsive Behaviour in Alzheimer’s Disease. Lancet 2021 ; 398(10303) : 842. 4 septembre 2021. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)01452-5. Scheltens P. Responding to Responsive Behaviour in Alzheimer’s Disease – Author’s Reply. Lancet 2021 ; 398 (10303) : 842. 4 septembre 2021. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)01449-5. Scheltens P et al. Alzheimer’s disease. Lancet 2021; 397: 1577-1590. 24 avril 2021. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)01449-5