Pays-Bas, Canada : le difficile respect des directives anticipées d’assistance médicale à mourir

Échos d'ailleurs

Date de rédaction :
30 novembre 2021

Aux Pays-Bas, une enquête menée par Jaap Schuurmans, médecin généraliste, auprès de 894 de ses confrères, montre que 42 % ne reconnaissent pas la primauté des directives anticipées par rapport à une demande verbale de la personne au stade avancé de la maladie d’Alzheimer ; 49,5 % des généralistes ne sont pas d’accord avec l’idée qu’une famille pourrait initier une trajectoire d’assistance médicale à mourir ; 22,5 % accepteraient une telle initiative et 26,1 % sous certaines conditions.

Au Canada, un sondage du 18 octobre 2021 montre que 86% des Québécois et 80% des Canadiens sont d’accord pour qu’une demande d’aide médicale à mourir puisse être faite de manière anticipée, dès qu’un diagnostic de maladie d’Alzheimer est posé et que la personne est encore lucide. Au Québec, cette question a déchiré les experts participant à la Commission spéciale sur l’évolution de la loi concernant les soins de fin de vie à l’Assemblée nationale. Un rapport parlementaire doit être déposé au plus tard le 10 décembre 2021. Une révision de l’encadrement légal de l’aide médicale à mourir et des soins de fin de vie est aussi en cours au niveau fédéral. Pour Louise Bernier, professeur de droit à l’Université de Sherbrooke, la personne malade ayant signé une directive anticipée d’aide médicale à mourir doit comprendre que dans certains cas, ce ne sera pas possible. Par exemple, une personne qui a anticipé des souffrances, mais qui finalement vit « heureuse » avec la maladie ne devrait pas automatiquement recevoir une aide médicale à mourir. « Il faut se laisser une marge de manœuvre. On ne peut pas penser que les médecins vont être des exécutants. Il ne faut pas donner l’impression aux personnes qu’elles prennent leur destinée entre leurs mains. Il va falloir ne pas laisser cette impression de décision contraignante en toutes circonstances », explique-t-elle. « Il faudrait au moins attendre qu’il y ait un déclin irrémédiable et irréversible de ses capacités et de sa qualité de vie ».

Schuurmans J et al. Euthanasia in advanced dementia ; the view of the general practitioners in the Netherlands on a vignette case along the juridical and ethical dispute. BMC Family Practice 22(1) : 232. 18 novembre 2021. https://doi.org/10.1186/s12875-021-01580-z.

https://www.globenewswire.com/en/news-release/2021/10/18/2315951/0/fr/Une-forte-majorit%C3%A9-de-Qu%C3%A9b%C3%A9cois-et-de-Canadiens-favorable-%C3%A0-l-Aide-M%C3%A9dicale-%C3%A0-Mourir-AMM-dans-les-cas-de-maladie-de-type-Alzheimer.html, https://www.lelezard.com/communique-20051728.html, 18 octobre 2021.

https://lactualite.com/actualites/alzheimer-et-aide-medicale-a-mourir-deux-visions-saffrontent-chez-les-experts/, 18 mai 2021.