Le tri des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer durant la pandémie : des décisions difficiles

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
30 novembre 2021

Prendre en charge des patients âgés à la fois atteints de la maladie d’Alzheimer et de covid-19, sans accès à une unité de soins intensifs, a donné lieu à de graves conflits éthiques durant la pandémie, témoignent la gériatre Mouna Rhomdani, de l’hôpital Bretonneau (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), et ses collègues. Le tri en gériatrie a mis à rude épreuve la conscience professionnelle, les émotions et les valeurs de chacun. Les unités psychogériatriques ont dû faire face aux patients les plus difficiles sans le soutien de directives appropriées. L’écart entre les règles établies et la réalité hospitalière a induit détresse psychologique et épuisement chez les professionnels. Gérer l’incertitude dans les décisions médicales est une compétence que les soignants acquièrent par l’expérience. Il est important de permettre l’accès à tous les soignants à un espace de réflexion. L’intervention des infirmières et des aides-soignantes dans le processus de décision pour la prise en charge des patients est primordiale, notamment pour évaluer le refus de soin. En effet, leur vision de l’état du patient est différente de celle des médecins, puisqu’elles apportent des soins quotidiens aux patients et restent avec eux dans les unités pendant plusieurs heures. Inclure le plus grand nombre de professionnels possibles dans la réflexion permettrait d’éviter les préjugés moraux ou personnels liées à ces décisions difficiles. La pandémie actuelle peut donner un nouveau sens à une réflexion d’équipe donnant à chacun une voix sans barrières hiérarchiques.

Romdhani M et al. Ethical Dilemma for Healthcare Professionals Facing Elderly Dementia Patients during the Covid -19 Pandemic. L’Encéphale, 25 octobre 2021. https://doi.org/10.1016/j.encep.2021.09.003.