Une technologie de détection des chutes permet de réduire le temps au sol des personnes qui tombent en unité Alzheimer
Innovation
Une technologie basée sur une surveillance vidéo continue, l’intelligence artificielle, des réseaux sécurisés et des applications informatiques personnalisées pour détecter et avertir les soignants des chutes en temps réel tout en fournissant un accès immédiat aux séquences vidéo des chutes est capable de réduire le temps au sol de la personne et le temps d’intervention du personnel, tout en couvrant efficacement la zone (chambre) et la plage horaire (nuit) qui présentent le plus de risques. Après 6 mois de surveillance, le temps au sol a été réduit d’un facteur 3. Ceci permet de diminuer les complications, d’améliorer le pronostic post-chute et de réduire les coûts des soins.
C’est ce que montre une étude menée par Eléonore Bayen, du département de neuro-réhabilitation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), en collaboration avec le centre Alzheimer de l’Université de Californie à Davis, le laboratoire d’intelligence artificielle du Massachusetts Institute of Technology à Boston et le département de génie électrique de l’Université de Californie à Berkeley (Etats-Unis). L’étude a été menée dans 6 centres mémoire de Californie, où le système de surveillance (SafelyYou Guardian) a été installé dans les chambres des résidents et des familles, après leur consentement.
Un total de 436 chutes a été enregistré chez 66 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées, âgées en moyenne de 87 ans. Plus de 80 % des chutes se sont produites dans les chambres, dont les deux tiers pendant la nuit (de 20 h à 8 h). Bien que seules 8,1 % des chutes aient été modérées ou graves, les personnes tombées n’étaient pas en mesure de se relever seules dans 97,6 % des cas. La technologie permet de réduire de 28,3 minutes le temps d’intervention et de 29,6 minutes le temps au sol des personnes tombées. La proportion de chuteurs avec un temps au sol supérieur à 1 heure est passée de 31 % à zéro. Pendant la période de l’intervention,76,6 % des chuteurs ont reçu l’aide du personnel humain en moins de 10 minutes, et 55,3 % d’entre eux ont passé moins de 10 minutes au sol. Les chercheurs rappellent que l’immobilisation au sol pendant une longue période a été décrite comme un déterminant critique du pronostic après une chute. Outre les blessures liées à la chute dues au traumatisme lui-même, l’immobilisation prolongée au sol entraîne un large éventail de comorbidités et peut doubler le risque de décès chez les personnes âgées. Ainsi, la réduction de la durée du temps au sol chez les chuteurs semble cruciale chez les personnes vulnérables atteintes de troubles cognitifs et ne pouvant se relever de manière autonome.
Bayen E et al. Reduction of Time on the Ground Related to Real-Time Video Detection of Falls in Memory Care Facilities: Observational Study. J Med Internet Res 2021; 23(6):e17551. https://doi.org/10.2196/17551.