Maintien à domicile : ne pas sacrifier la qualité
Droit des personnes malades
Alors que le “ papyboom ” commencera véritablement vers 2011-2012 (www.agevillagepro.com, 6 septembre 2005), le gouvernement table sur une baisse significative des besoins d’accueil en maison de retraite grâce à un soutien renforcé du maintien à domicile. Telle est l’hypothèse de travail sur laquelle “ planche ”, désormais, le Commissariat général au Plan (afim, 12 septembre 2005). Il a donc écarté les scénarios prévoyant une augmentation du nombre de places en établissements d’hébergement d’ici 2025 – 200 000 de plus qu’aujourd’hui, selon les titres repris par Ivan Levaï dans sa revue de presse (Le Plan, septembre 2005). A contrario, le parc actuel de 400 000 places devrait perdre 6 à 16 % de sa capacité dans les vingt prochaines années. Cette “ politique du tout maintien à domicile ”, selon la formule de Michelle Dange, présidente de l’Union nationale mutualiste des personnes âgées personnes handicapées (Unmpaph), ne laisse pas de poser question, notamment pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leurs aidants.
De fait, on ne peut envisager semblable orientation sans l’assortir d’une offre satisfaisante de services complémentaires. Or, à cet égard, la situation s’avère préoccupante. En termes quantitatifs, le nombre de nouvelles places créées en accueil de jour et en hébergement temporaire au cours de l’année 2004 ne correspond pas à l’objectif qu’affichait le plan Alzheimer (www.infirmiers.com, 21 septembre 2005 ; Le Parisien, 20 septembre 2005). L’annuaire 2005 de la Fondation Médéric Alzheimer (FMA), qui recense les dispositifs de prise en charge des personnes demeurant à domicile, fait néanmoins état d’une augmentation substantielle, depuis deux ans, de la capacité des accueils de jour et du nombre de structures d’aide aux aidants (www.agevillage.com, 20 septembre 2005). Mais “ on est encore loin du compte ”, précise Michèle Frémontier, directrice de la Fondation (www.senioractu.com, 17 mai 2005 ; Agence France Presse, 20 septembre 2005). Le développement des services à la personne ne peut, d’autre part, se concevoir sans qu’il soit porté une attention particulière à la professionnalisation des intervenants du secteur, car “ l’accompagnement relationnel ” des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer “ doit se faire dans la subtilité et l’écoute empathique ”, souligne Marie-Jo Guisset, responsable du pôle Initiatives locales de la FMA (Le Monde, 21 septembre 2005).
Précisément, les acteurs du domicile escomptaient que les pouvoirs publics les aident à gagner cette bataille de la qualification (Santé Social, septembre 2005). Mais tel n’est pas le chemin emprunté par la loi sur les services à la personne. Un de ses projets d’ordonnance prévoit, en effet, que les prestataires d’aide à domicile ne seront pas obligatoirement soumis au régime d’autorisation pour exercer leur activité : ils pourront se contenter d’un simple “ agrément qualité ” (Actualités sociales hebdomadaires, 9 septembre 2005). Le gouvernement, ce faisant, veut profiter de ce qu’il considère comme un gisement d’emplois potentiels (www.agevillage.com, 5 septembre 2005), option que les associations sont nombreuses à contester (www.agevillagepro.com, 22 août et 6 septembre 2005 ; Actualités sociales hebdomadaires, 26 août 2005 ; Protection sociale, 31 août 2005). Le risque est réel de voir mis à mal les efforts de professionnalisation engagés par les structures depuis plusieurs années (www.agevillage.com, 5 septembre 2005 ; www.seniorscopie.com, 20 septembre 2005). Et de ruiner, ce faisant, la confiance que les aidants familiaux ont grand besoin de pouvoir leur accorder (Psychologie et NeuroPsychiatrie du vieillissement, septembre 2005).
Caroline Helfter