Annonce du diagnostic : solennité du mot, humilité de la pratique.
Échos d'ailleurs
Le mot « Alzheimer » n’a pas le même sens pour le médecin et pour le malade. Pour le premier, il renvoie à un ensemble syndromique qui enclenche tout un processus clinique, pour le second il s’agit d’un pronostic, où apparaissent le handicap, la démence et le gâtisme. Il importe donc qu’à la violence de l’annonce réponde la nuance de l’énoncé. Le mot « Alzheimer » devient l’aboutissement progressif d’informations additionnées, dans le cadre d’une relation interactive malade-médecin-famille. Mais la compréhension du diagnostic diminue vite à mesure que la maladie progresse. D’où la nécessité de ne pas attendre trop longtemps pour « dire ». A condition que l’annonce soit précédée d’une préparation et d’une pédagogie. C’est paradoxalement dans les stades les plus précoces que la révélation du diagnostic sera le plus utile au sujet pour prendre les dispositions nécessaires à la réorganisation de sa vie sociale et familiale. Ne jamais mentir au malade, mais ne jamais lui en dire plus qu’il ne le souhaite. A un malade qui demande s’il a « un Alzheimer », il faut proposer de re-formuler sa question pour savoir ce que signifie ce mot pour lui. Qu’il sache qu’on ne lui impose pas un diagnostic d’abandon, mais au contraire l’engagement ou la poursuite d’un lien, d’un pacte d’action en commun, d’écoute et d’accompagnement.
Neurologie Psychiatrie Gériatrie, article de R. Gil, décembre 2005