L’oubli : un produit de la mémoire.
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Sous ce titre un peu provocant, Denis Brouillet et Arielle Syssau, de l’Université Paul-Valéry de Montpellier, tendent à démontrer, au moyen d’un test, que les personnes âgées présentent un niveau d’inhibition normal et qu’il n’existerait pas un déficit d’inhibition sous jacent à l’oubli. Comme on le sait, il est nécessaire d’oublier pour se souvenir : on interdit l’accès d’informations inutiles, on élimine les informations qui cessent d’être pertinentes, on restreint l’usage d’explications toute faites issues de la mémoire, – ce sont là des mécanismes d’inhibition indispensables au bon fonctionnement de la mémoire. Le test utilise une batterie de mots homographes homophones n’acceptant que deux acceptions (exemples : baleine de parapluie et baleine cétacée, étoile du ciel et étoile du cinéma). La batterie est présentée pendant quelques secondes, avec à chaque fois les deux acceptions. Puis, dans une deuxième phase, on ne présente plus que la première lettre de l’acception. Dans une troisième phase, enfin, le mot apparaît seul et il faut retrouver les deux acceptions. Il apparaît que la récupération répétée se traduit, quel que soit l’âge, par un accès plus facile au sens non dominant (dans l’exemple : baleine de parapluie, étoile de cinéma). La récupération répétée du sens non dominant se traduit, quel que soit l’âge, par une difficulté à rappeler le sens dominant, autrement dit entraîne l’inhibition de son sens dominant.
Psychologie et Neuropsychiatrie du Vieillissement, décembre 2005